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Covid-19 : "La courbe épidémique est exponentielle en France, cela ressemble à une nouvelle vague", observe un épidémiologiste

Antoine Flahault, épidémiologiste, alerte ce mercredi sur franceinfo d'un fort rebond de l'épidémie en France, lié à l'apparition des sous-variants venus du Portugal. 

Article rédigé par franceinfo
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Les cas de Covid-19 ne cessent d'augmenter en France avec le variant BA5. Sur le plateau du 20 Heures, lundi 27 juin, le médecin et journaliste Damien Mascret explique les spécificités de ce variant. 
 (ALAIN JOCARD / AFP)

La France est-elle à l'orée d'une nouvelle vague de coronavirus ? C'est ce que craint Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l'université de Genève, qui alerte ce mercredi sur le rebond épidémique lié aux sous-variants BA.4 et BA.5 venus du Portugal"La courbe épidémique est exponentielle en France", prévient-il, alors qu'au Portugal, "la mortalité a été très importante" ces dernières semaines et particulièrement "chez des personnes âgées de plus de 80 ans".

Antoine Flahault appelle à la vigilance car "ce qui se produit au Portugal pourrait se produire avec quelques semaines de décalage chez nous" :

Peut-on parler d’une reprise épidémique en France ?

Oui. Dans presque tous les pays d'Europe de l'Ouest en ce moment, on voit un rebond très clair. En France notamment. La courbe épidémique est exponentielle en France, cela ressemble à une nouvelle vague qui a l’air d’être menée par ces nouveaux variants BA.4 et BA.5 d’Omicron. La vague va concerner toutes les régions de France métropolitaine. Et quand on parle de l'Outre-mer, il y a un cas un peu particulier qui est celui de la Martinique. C'est la région française qui a la plus forte incidence aujourd'hui et également le fort taux de mortalité. C’est probablement lié à un autre sous-variant d'Omicron. Un sous-variant nord-américain qu'on appelle le BA2.12.1. Omicron est une famille nombreuse …

Sommes-nous suffisamment protégés par la vaccination aujourd’hui en France ?

Tout dépend de ce qu’on appelle le "nous", c’est-à-dire que les personnes qui un schéma complet sont très bien protégées contre les formes sévères. Elles ne sont pas protégées contre le fait d’avoir le Covid malheureusement parce que ce n’est plus exactement la même souche. Mais la mortalité a été très importante ces dernières semaines au Portugal avec cette vague BA.5.

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Ce sous-variant n’est pas beaucoup plus violent que les autres, mais 93% de la mortalité observée s'est produite chez des personnes âgées de plus de 80 ans. Donc, les personnes de plus de 80 ans sont à très haut risque, y compris cet été, de mortalité due à ce variant. Il faudra être extrêmement prudent dans les Ehpad, extrêmement prudents avec les personnes âgées. Il faudra redoubler de vigilance pendant les semaines et les mois qui vont venir. Le risque d'en mourir est important, le risque d'être hospitalisé et de faire une forme compliquée est important.

Avez-vous une idée de la date du pic épidémique ou c'est encore trop ?

C'est trop tôt. La prévision que nous faisons à Genève avec l'Ecole polytechnique de Lausanne et de Zurich porte sur sept jours. Mais je peux dire que l’Afrique du Sud a terminé cette vague en huit semaines, ça a été la plus courte de toutes ses vagues. Le Portugal est à six semaines et il est arrivé à son pic, semble-t-il. Donc le Portugal risque d’en avoir pour neuf ou dix semaines. Si on transposait la situation portugaise à la France, on en aura pour une bonne partie de l’été. On ne peut pas prévoir, on ne peut pas prédire, mais on peut anticiper. On peut se dire que ce qui se passe au Portugal pourrait se produire avec quelques semaines de décalage chez nous. On se rappelle de la Lombardie, de l'Italie et on ne voulait pas y croire. On ne pensait pas que tout cela nous arriverait et puis, tout cela est arrivé. Donc oui, on peut anticiper parce que les morts dont on parle sont des morts qui, pour une large part, sont évitables. Si on teste précocement, si on prescrit des traitements antiviraux efficaces dans les tout premiers jours de l'infection, alors, on peut vraiment sauver des vies. Ça a été démontré dans les essais cliniques, il faut que dans la vie réelle, on profite de ces avancées thérapeutiques.

On avait parlé d'un virus moins résistant à la chaleur. Ce n’est pas le cas finalement ?

Les virus respiratoires, de façon générale, sont moins transmissibles quand on est à l’extérieur. Au moins 95%, peut-être 99% des contaminations ont lieu dans des milieux clos, mal ventilés, où on est nombreux. En été, souvent c’est le contraire, on est plus souvent dehors. Mais en ce moment avec la canicule on dit aux gens de fermer les fenêtres, dans les Ehpad on essaye de ne pas faire rentrer l’air chaud de l’extérieur. Donc, il y a des risques finalement pendant l’été de propagation de ce virus. On l’a vu, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande ont connu une vague importante en plein cœur de leur été. Le Portugal est depuis le début du mois de mai dans des conditions climatiques météorologiques très clémentes.

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