Des mois après, des survivants d'Ebola confrontés à de graves séquelles
76% des survivants examinés par des chercheurs en Sierra Leone souffrent d'arthrite et 60% de problèmes de vue.
Altération de la vue, problèmes d'audition, arthrite... Des mois après leur sortie de l'hôpital, d'importantes séquelles sont fréquemment observées chez les survivants d'Ebola, selon une étude publiée, mercredi 23 décembre, dans la revue médicale The Lancet Infectious Diseases (en anglais).
Des recherches ont été menées à partir des données de la clinique des survivants d'Ebola à Port Loko, en Sierra Leone, l'un des pays d'Afrique de l'Ouest les plus durement touchés par l'épidémie apparue en décembre 2013.
Des poches de résistance du virus dans le corps ?
Au total, 277 survivants (dont 57% de femmes) ont été examinés pour cette étude, entre le 7 mars et le 24 avril, quatre mois en moyenne après leur guérison. 76% souffrent d'arthrite, 60% de problèmes de vue, 18% d'une inflammation à l'oeil et 24% des troubles de l'audition comme les acouphènes.
Les auteurs de l'étude, dont John Mattia, l'un des rares ophtalmologistes de Sierra Leone, font l'hypothèse que si le virus Ebola disparaît rapidement de la plupart des fluides du corps après guérison, il peut persister des "sites sanctuaires" dans les yeux ou les testicules. L'OMS avait annoncé, en avril, que des traces du virus avaient été découvertes dans le sperme d'un homme, six mois après sa guérison.
"Nécessité d'un suivi précoce des survivants"
Les chercheurs évoquent aussi une possible corrélation entre la quantité de virus présente chez les malades et l'ampleur des complications observées après la guérison. En d'autres termes, plus le virus serait virulent, plus les séquelles, en particulier oculaires, seraient importantes.
"Ces recherches soulignent la nécessité d'un suivi précoce des survivants d'Ebola et l'urgence d'inclure des soins oculaires dans les systèmes de santé des pays d'Afrique de l'Ouest", concluent les auteurs.
Ils reconnaissent toutefois ne pas avoir de base de comparaison avec un groupe de patients non infectés par Ebola. Ils n'ont pas non plus pu mesurer avec précision les troubles auditifs, en l'absence du matériel nécessaire.
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