Ebola : des animaux à l'être humain, quels sont les risques ?
Excalibur, le chien d'une aide-soignante espagnole touchée par le virus Ebola, a été euthanasié mercredi sur décision des autorités. Le chien présentait "un risque de transmission de la maladie à l'homme". Qu'en est-il réellement ?
La mort d'Excalibur soulève des questions. Après l'euthanasie de ce chien qui appartenait à une aide-soignante espagnole infectée par le virus Ebola, francetv info revient sur le possible rôle des animaux domestiques dans la transmission de la maladie.
Les animaux de compagnie, chiens ou chats, peuvent-ils transmettre le virus aux humains ?
En l'état actuel des connaissances, "il n'y a aucune preuve scientifique que les animaux domestiques jouent un rôle actif dans la transmission de la maladie aux humains", assure le Dr Bernard Vallat, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE).
Une affirmation confortée par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) américains qui précisent, de surcroît, qu'aucun cas d'animal de compagnie (chien ou chat) malade n'a été répertorié. L'euthanasie du chien de Madrid relève donc du "principe de précaution", selon l'OIE.
Quels soupçons pèsent sur les chiens ?
Une étude publiée en 2005 a suggéré un risque théorique de transmission par des chiens en contact avec le virus pendant une épidémie au Gabon (2001-2002). Les chiens pourraient infecter les humains via leurs urines, matières fécales ou salive. Mais "ce ne sont que des hypothèses puisqu'il s'agissait d'une étude rétrospective", selon l'auteur principal de l'étude, Eric Leroy. D'où, une "approche de précaution" qui était souhaitable.
Des données ont montré "que les chiens peuvent être porteurs d'anticorps positifs du virus Ebola". Ce qui veut dire "qu'ils peuvent être porteurs du virus même sans symptômes", avait expliqué, mardi, le département de Santé de la communauté de Madrid. Mais celui-ci a expliqué, dans El Pais (en espagnol), ne pas avoir de structure adaptée et suffisamment sécurisée pour le placer en observation.
Mais Eric Leroy, directeur général du Centre international de recherches médicales de Franceville, au Gabon, déplore l'euthanasie de l'animal. Le cas du chien Excalibur était une occasion d'étude "unique", estime-t-il. "Un suivi virologique, biologique et médical aurait pu être mis en œuvre pour apporter un certain nombre d'informations majeures", selon ce chercheur, qui réclame depuis des années des études complémentaires sur les chiens pour y voir clair.
Et les autres animaux ?
L'infection pourrait provenir de chauve-souris, qui passent pour être le "réservoir naturel" probable du virus Ebola. Cette chauve-souris (qui porte le virus sans le développer) peut elle-même infecter un fruit en le mangeant ou griffer un autre animal, tel que le singe, et l'infecter. Le passage du singe ou d'un autre animal (viande de brousse) à un être humain résidant le plus souvent près de la forêt, et qui consomme cette viande infectée, constitue le point de départ d'une épidémie. Elle se propage ensuite dans la population, faute de mesures de précautions, via les fluides corporels (essentiellement le sang, les matières fécales et les vomissures) des malades ou de leurs cadavres.
Plus de 22 millions de personnes vivent ainsi dans des régions d'Afrique où existe un risque de transmission du virus Ebola de l'animal à l'homme, via des animaux locaux, selon une étude de chercheurs de l'Université d'Oxford. L'infection a été constatée après la manipulation de chimpanzés, de gorilles, ou d'autres singes, malades ou morts, ainsi qu'à partir d'antilopes des bois et de porcs-épics infectés.
En ce qui concerne les animaux domestiques, les vétérinaires délégués de l'OIE sur place en Afrique de l'Ouest gardent un œil "vigilant" dans les régions concernées par l'épidémie. Quant au rôle des cochons, qui partagent des caractéristiques communes avec les humains, dans l'épidémiologie d'Ebola, il reste "indéterminé", selon cet organisme international.
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