Epidémie de bronchiolite : "On ne peut pas ouvrir des lits en plus", car "il n’y a pas assez de personnel soignant", s'alarme un pédiatre
Quatre régions sont passées au stade de l'épidémie : Hauts-de-France, l'Ile-de-France, la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie. La bronchiolite est particulièrement précoce. Dix autres régions sont considérées comme étant dans une phase préalable.
"On ne peut pas ouvrir des lits en plus" pour faire face à l’épidémie de bronchiolite, car "il n’y a pas assez de personnel soignant", s’alarme vendredi 14 octobre sur franceinfo le professeur Olivier Brissaud, membre du Collectif Inter-Hôpitaux et chef de service réanimation pédiatrique au CHU de Bordeaux. L’épidémie de bronchiolite – une maladie respiratoire qui touche les jeunes enfants – est déclarée dans les Hauts-de-France, en Île-de-France, en Nouvelle-Aquitaine et en région Occitanie. Chaque année, 20 000 hospitalisations enfants de moins de deux ans sont hospitalisés à cause de cette épidémie. Le CHU de Bordeaux est contraint de prendre du personnel dans d’autres services de l’hôpital et fermer des lits: "C'est kafkaïen pour nous de devoir déprogrammer des patients de maladies chroniques pour accueillir ces patients dits graves" touchés par la bronchiolite, a-t-il déclaré.
franceinfo : Quelle est votre situation au CHU de Bordeaux ?
Olivier Brissaud : On est en phase épidémique comme dans trois autres régions. On accueille des petits enfants qui ont des difficultés respiratoires, mais il y a une vraie particularité cette année, c'est qu’il n’y a pas assez de personnel soignant à recruter. Ce n’est pas un problème de financement du personnel soignant. C'est qu'il n'est pas présent. À Lyon, comme à Bordeaux, ils ne peuvent pas ouvrir une structure supplémentaire pour accueillir les enfants qui ont une bronchiolite. On appelle ça des annexes saisonnières. On ne peut pas ouvrir ces annexes cette année parce qu'il n'y a pas de personnel. Il y a des lits fermés. On ne peut pas ouvrir des lits en plus, pourtant on sait que chaque année, depuis des années, il y a une épidémie. Depuis de très nombreuses années, on sait qu'il va y avoir 20 000 hospitalisations en plus d'enfants de moins de deux ans dans les hôpitaux français.
Allez-vous prendre du personnel soignant dans d’autres services ?
En tout cas, le personnel soignant dans les différents secteurs sait qu’il faut se réorganiser. Après, ce n'est pas une très bonne stratégie. Concrètement, prendre des gens et les déplacer d'un endroit à l'autre, c'est-à-dire fermer des lits, déprogrammer des patients chroniques qui doivent être hospitalisés, ce n'est pas non plus une très bonne stratégie. D'habitude, on peut recruter pour la période saisonnière du personnel. Ça permet quand même de soulager les secteurs d'hospitalisation. Ça ne sera pas possible cette année, donc il y aura forcément de la mobilisation de personnel. C'est la seule stratégie qu'on a, mais ce n’est pas la meilleure.
Faut-il pour cela déprogrammer des patients en pédiatrie pour accueillir des enfants touchés par l’épidémie de bronchiolite ?
Ce qu'il faut comprendre de la pédiatrie aujourd'hui, c'est que les patients qui viennent en hospitalisation en dehors des périodes épidémiques sont des patients de plus en plus complexes qui nécessitent des spécialités. Ces enfants qui sont dits de maladie chronique, en fait, nécessitent des hospitalisations. Ils sont extrêmement complexes. C'est kafkaïen pour nous de devoir déprogrammer des patients de maladies chroniques pour accueillir ces patients dits graves. Or, quand même, le rôle de l'hôpital, c'est d'accueillir ces deux types de patients. Nous devons être une porte ouverte pour tous les patients graves qui arrivent en urgence et aussi les patients complexes de maladies chroniques. C'est notre vocation qui fait qu’on travaille à l'hôpital public.
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