Grippe : "On sent venir la catastrophe depuis quinze jours"
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La déprogrammation des opérations non urgentes vous semble-t-elle pertinente ? N'est-ce pas déjà le cas ?
Dr Mathias Wargon, chef de service des urgences de l'hôpital de Bry-sur-Marne : "On a déprogrammé (NDLR des opérations et des soins) depuis un certain temps. On a confié des lits de chirurgie aux médecins de façon à pouvoir augmenter nos capacités. Il faudrait que tous les hôpitaux le fassent mais tous ne le font pas actuellement alors qu'il s'agit d'une mesure de tous les plans 'Hôpital sous tension'.
"Depuis quinze jours nous sentons monter la tension. Il y a beaucoup plus de patients aux urgences. L'épisode de froid samedi en grande couronne a amplifié le phénomène. De nombreux patients âgés viennent aux urgences pour des pneumopathies mais il y a eu un surcroît d'activité avec des personnes qui sont tombées sur le verglas. Ces personnes sont allées en chirurgie orthopédique, là où nous avions placé des patients âgés. En réalité, on sent venir la catastrophe depuis quinze jours. "
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Pourquoi tous les hôpitaux ne suivent-ils pas la demande de déprogrammation émanant du ministère de la Santé ?
Dr Mathias Wargon : "Dans des grands hôpitaux dirigés par des professeurs de renom, il est parfois difficile de mettre des patients âgés qui vont occuper ces lits et qui vont les empêcher de faire de la médecine un peu plus spécialisée ou de la médecine universitaire. En ce moment, dans plusieurs hôpitaux universitaires, on ne joue pas tout à fait le jeu. Les services de médecine interne, de gériatrie, d'après ce que je sais, jouent très bien le jeu."
"De plus, cela fait vingt-cinq ans qu'on laisse des patients sur des brancards. Ne serait-ce qu'une personne sur un brancard, c'est déjà un scandale. Or, cela est rentré dans les habitudes. Non, ce n'est pas normal de laisser une personne âgée, ou plus jeune d'ailleurs, sur un brancard. Les médecins urgentistes sont obligés de sélectionner les patients qu'ils gardent à l'hôpital. C'est rentré dans les mœurs et tout le monde a l'air de trouver cela normal. À l'hôpital, on a l'obsession de la durée moyenne de séjour."
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