Marie Rabatel, une autiste en guerre contre les violences sexuelles
Il a fallu des années à Marie Rabatel pour mettre des mots sur ce viol. Des années pour enfin trouver une thérapie adaptée à son autisme. Cette femme de 44 ans a été victime de viols à l’adolescence. « C’est une vie gâchée où on passe son existence à s’accrocher à la vie et du coup, on n’est qu’en survie tout le temps », confie-t-elle.
Alors maintenant, elle voudrait que son combat puisse bénéficier aux autres. Elle préside l’Association Francophone de Femmes Autistes et sillonne la France pour mobiliser sur cette cause des violences sexuelles. « Les personnes autistes sont davantage vulnérables aux violences, en général déjà, et aux violences sexuelles, parce qu'on a une difficulté de compréhension des sous-entendus et de l’implicite » explique-t-elle. « Et le fait d’être en décalage par rapport à cette interaction fait qu’on ne comprend pas exactement ce que la personne attend de nous. Et on peut se retrouver dans des situations finalement dangereuses pour soi, sans se rendre compte qu’on est en danger », poursuit-elle.
Des violences qui peuvent aggraver les symptômes de l'autisme
Pour protéger les autres, Marie mobilise toutes les expertises. Elle a ainsi contacté le Dr Muriel Salmona, une des rares spécialistes des traumatismes subis par les victimes de violences sexuelles. Des traumatismes particulièrement lourds pour les femmes autistes. Selon cette psychiatre, les atteintes neurologiques liées à ces violences ont un impact encore plus important sur le cerveau des autistes car il a déjà un fonctionnement qui est hypersensible. Les violences sexuelles peuvent aggraver les symptômes de l’autisme mais bien souvent elles passent inaperçues.
C’est contre cet engrenage, qui laisse les victimes sans aucune prise en charge, que les deux femmes s’engagent aujourd’hui. Elles interviendront bientôt ensemble à un colloque coordonné par Marie à l’Assemblée Nationale pour améliorer la protection des personnes autistes au niveau législatif.
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