"Quand on a un corps immobile, on a le droit de continuer à rêver" : tétraplégique, il part traverser l'Atlantique
Jean d'Artigues, un chef d'entreprise atteint de la maladie de Charcot, entame samedi 8 octobre une traversée de l'Atlantique à bord d'un catamaran. Un rêve d'enfant et une manière de sensibiliser le grand public sur sa maladie.
Une traversée de l'Atlantique exceptionnelle ! Jean d'Artigues, un chef d'entreprise de 52 ans, atteint de la maladie de Charcot, prend la mer samedi 8 octobre à la Trinité-sur-Mer (Morbihan). Rendu tétraplégique par la maladie, il embarque à bord d'un catamaran pour un trajet de six semaines jusqu'en Martinique. Son projet est soutenu par 335 donateurs, auprès desquels il a pu récolter 56 000 euros.
franceinfo : Comment vous sentez-vous à quelques heures du grand départ ?
Jean d'Artigues : Je suis très excité. Ces derniers jours, j'ai eu peur de ne pas être au rendez-vous, car mon état est fragile. Mais je suis là. Je ressens un grand trac. C'est un saut dans l'inconnu pour moi et pour l'équipe.
Qui vous accompagne dans cette aventure ?
Je pars avec cinq marins bénévoles. Deux sont des marins prodessionnels et trois sont des marins soignants. Ils vont s'occuper du bateau et de la navigation, mais aussi de moi. Ne pouvant pas gérer seul mon corps au quotidien, je vais avoir besoin d'eux. Et il va falloir veiller à toutes les conséquences de ma présence sur un bateau jour et nuit. Les mouvements du bateau sur un corps sans muscle, la météo, l'humidité, le froid, le chaud : tous ces éléments auront des conséquences qu'on ne connaît pas encore.
Pourquoi se lancer un tel défi ?
Parce que c'est la vie. Même quand on a un corps immobile, on a le droit de continuer à rêver. Et je ne suis pas seul, si j'en crois les dizaines de bénévoles et les centaines de donateurs qui se sont réunis autour de ce projet. On est parti de rien. Il y a neuf mois, on n'avait aucun moyen, aucune équipe, aucun bateau. C'est uniquement par la force de la solidarité qu'on a réussi à affréter ce bateau.
Cela fait cinq ans que je suis atteint de la maladie de Charcot. C'est une maladie neurodégénérative, qui détruit le système nerveux et qui entraîne progressivement une paralysie totale. La plus grande partie de mon corps est immobilisée. Malheureusement, c'est une maladie incurable, qui touche près de 7 000 personnes. Aujourd'hui encore, on a besoin de chercheurs, qui peuvent trouver un médicamement pour la ralentir, la stopper, voire la guérir.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.