Bruit en Île-de-France : "Un facteur de dégradation de la santé", oublié par "les architectes dans l'urbanisme", alerte Bruitparif
Le trafic automobile, les aéroports, les voies ferrées... Une succession de pics de bruit qui altère la santé des riverains en augmentant le stress et en perturbant le sommeil.
"Le bruit est un facteur de dégradation de la santé", affirme vendredi 8 février sur franceinfo Fanny Mietlicki, la directrice de Bruitparif, alors que l'organisme chargé de mesurer les nuisances sonores en Île-de-France publie un rapport mettant en lumière que plus de 100 000 années de vie en bonne santé sont perdues tous les ans dans la région. "On ne quantifie pas de la mortalité, mais de la morbidité, le risque accru d'avoir des problèmes de santé", explique-t-elle.
Le bruit est oublié dans notre société, "y compris dans l'urbanisme", a ajouté Fanny Mietlicki, pour qui "les architectes ont beaucoup de mal à intégrer la dimension du sonore".
franceinfo : A-t-on plus de chance de tomber malade dans une zone où il y a beaucoup de bruit ?
Fanny Mietlicki : Le bruit est un facteur de dégradation de la santé. Il a plusieurs types de conséquences. Il y a des perturbations du sommeil qui engendrent des conséquences en termes de fatigue chronique, de risque accru d'avoir des accidents au travail ou sur la route. Deuxième conséquence : la gêne ressentie. Il y a des maladies cardiovasculaires parce que le bruit est un facteur de stress. Il perturbe le rythme cardiaque et est source d'hypertension. Et pour les enfants scolarisés, le bruit est un trouble pour les apprentissages. Ce n'est pas de la mortalité prématurée. On ne quantifie pas de la mortalité, mais de la morbidité, le risque accru d'avoir des problèmes de santé. Le bruit est un facteur de stress parmi d'autres. On peut faire un infarctus et en mourir, le bruit y aura participé. On vit moins bien.
Quelles sont les zones les plus touchées ?
Le bruit routier est le principal responsable des impacts sanitaires. C'est le plus réparti sur le territoire. Par contre, quand on estime les risques individuels pour les populations, on a des contrastes très marqués entre les territoires. Et les zones qui sont les plus concernées, ce sont les zones proches des aéroports ou le long des voies ferrées. On a des bruits qu'on appelle "évènementiels", qui sont des successions de pics de bruit. Le fait que le bruit ait cette composante suscite plus de gênes et plus de perturbations du sommeil qu'un bruit continu.
Y-a-t-il une prise de conscience des conséquences du bruit ?
Cela commence. L'OMS a déjà plusieurs fois tiré la sonnette d'alarme. Mais c'est en octobre 2018, avec leur publication de valeurs de recommandations pour le bruit dans l'environnement, qu'il y a une prise de conscience des enjeux. C'est important pour les décideurs qu'on puisse quantifier cela sur les territoires. On a voulu appliquer la méthode à l'échelle francilienne pour pouvoir donner de billes aux décideurs pour (définir) quels sont les enjeux, quelles sont les zones prioritaires du territoire à traiter, et pousser le sujet dans la société. Souvent, on cache le sonore. On est dans une société qui est très visuelle. Et le sonore, on l'oublie, y compris dans l'urbanisme. Les architectes ont beaucoup de mal à intégrer la dimension du sonore. Il faut intégrer le bruit en amont dans toutes les politiques d'aménagement et dans l'urbanisme.
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