Ces appareils connectés capables d'accompagner la médecine préventive du sommeil
Capteurs de sommeils, montres intelligentes... L'entreprise "Withings" mise sur la médecine préventive interconnectée du sommeil. Mais sommes-nous prêts à passer à l'étape supérieure de la santé à domicile ? Entetien avec le docteur Marie-Françoise Vecchierini, praticienne hospitalière.
Compter le nombre d'apnées durant son sommeil, calculer son IMC, prévenir les risques cardio-vasculaires, donner des chiffres pour une consultation... les objets connectés dédiés au bien-être et à la santé entendent aujourd'hui faire partie intégrante de notre système médical. De simples gadgets ludiques aux montres connectées et autres appareils sophistiqués, la société Withings, fondée en 2008, est une pionnière en la matière. En particulier dans le domaine de la médecine du sommeil.
Découvrir les signes avant-coureurs d'une pathologie du sommeil
Depuis sa création en 2008, l'entreprise Withings, détenue par son co-fondateur Éric Carreel, ingénieur français, a pour ambition d'aider le système de santé à avancer dans le traitement des données médicales. Notamment celles qui peuvent concerner les troubles du sommeil. Souvent mal diagnostiquées, ces phénomènes peuvent se traduire par des symptômes d'une apnée du sommeil, des syndromes respiratoires entraînant des maux de tête au réveil ou encore des complications cardiovasculaires.
Sur l'ensemble des appareils dédiés à l'analyse de ces problèmes, on retrouve le Sleep Analyzer, actuellement disponible en Europe et développé par le professeur Pierre Escourrou, médecin spécialiste du sommeil du laboratoire de l'hôpital Paris-Béclère. Le périphérique a fait l'objet d'une "batterie de tests exercée sur une centaine de personnes pendant plusieurs années avant sa commercialisation". L'intérêt de l'appareil : analyser la respiration, le rythme cardiaque, le ronflement et les mouvements pour mesurer l’intensité des perturbations respiratoires pendant la nuit. Elle permet aussi de détecter l'apnée du sommeil avec une précision de grade médical afin de déterminer sa gravité.
Après sa nuit, des données sont enregistrées si on a téléchargé au préalable l’application gratuite Health Mate (iOS et Google Play). Elle permet de garder un œil sur les données enregistrées sur l'objet et de faire des comparatifs sur les jours suivants de sommeil.
Sur le même principe, on retrouve les montres intelligentes Scanwatch, véritables machines sur poignée commercialisées en 2020. Un modèle haut de gamme, baptisé ScanWatch Horizon, a aussi été mis en vente depuis décembre 2021 sur le marché européen. Ces nouveaux objets tech sont capables de détecter des battements irréguliers, des perturbations respiratoires. Il fait aussi guise d'électrocardiogramme à la demande ainsi qu'un oxymètre de pouls. Au réveil, l’utilisateur bénéficie d’un bilan complet qu’il peut retrouver aussi dans l’application Health Mate.
Un système interconnecté encore limité
Avec ces types d'appareils, on pourrait d'ores et déjà imaginer la présence d'un véritable laboratoire domestique connecté dans tous les foyers d'Europe durant ces prochaines années. Mais la route serait encore longue, selon Marie-Françoise Vecchierini, neuropsychiatre au centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu à Paris et ancienne présidente de la Société Française de Recherche et de Médecine du Sommeil (SFRMS). "Que se passe-t-il si quelqu'un a un appareil connecté et que le signal ne passe pas ? Cela ne va pas remplacer un vrai diagnostic."
D'un point de vue fonctionnel, la spécialiste pointe aussi du doigt la fiabilité de ces objets connectés, dont l'efficacité doit rester encore à prouver. Une analyse plus poussée sur une étude comptant des milliers de personnes devrait s'envisager pour y voir plus clair. "Tout est une question de fiabilité. Pour l'instant c'est trop brouillon mais à l'avenir, il faudrait inclure une vaste étude d'au moins 20 000 personnes pour clarifier tout cela. Si on améliore l'analyse de ce genre d'appareils, on pourra éventuellement les généraliser".
Le docteur Marie-Françoise Vecchierini se dit pour le moment sceptique sur la mise en oeuvre à grande échelle de ces appareils chez les médecins et l'entrée dans le cercle de la Sécurité sociale. "Ce n'est certainement pas pour tout de suite. On ne sait pas encore dans quelle condition on pourra faire entrer les produits dans les conditions de la Sécurité sociale. à quel moment on considère le remboursement ? Au moment où on diagnostique une pathologie ? Il faudrait prendre en compte le coût du soin voire le coût de l'appareil. Tout cela doit être étudié à l'avenir".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.