Symptômes, transmission, origines... Quatre questions sur la fièvre hémorragique Crimée-Congo, détectée pour la première fois en France
La présence du virus de la fièvre hémorragique Crimée-Congo, la FHCC, vient d'être confirmée pour la première fois en France par les autorités sanitaires, comme l'Anses. Le Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, l'a localisé dans les Pyrénées-Orientales le 6 octobre dernier. Ce virus est porté par des tiques de l’espèce Hyalomma collectées sur des bovins dans les Pyrénées-Orientales. Aucun cas humain n'a été relevé en France, mais les autorités sanitaires s'inquiètent de sa possible propagation.
Quels sont les symptômes ?
La FFHC est une maladie provoquée par le virus du même nom. Chez l'humain, l'infection entraîne généralement des symptômes peu sévères, qui se limitent à un syndrome grippal avec des troubles digestifs. Mais dans certains cas, la maladie peut s'aggraver et provoquer des hémorragies et la défaillance d'organes vitaux et entraîner la mort dans 30% des cas, détaille l'Institut Pasteur.
La FHCC fait partie des maladies humaines à "déclaration obligatoire" au même titre que les autres fièvres hémorragiques virales, comme Ebola. Elle fait ainsi l'objet d'une surveillance extrême qui doit être déclarée immédiatement aux autorités de santé publique, afin de mettre en place le plus rapidement possible des mesures de contrôle ou des actions de prévention.
Cette maladie a d'abord été découverte pour la première fois en Crimée en 1944, sur les bords de la mer Noire. Elle a ensuite été reliée à une pathologie identique circulant au Congo, ce qui explique son nom de "fièvre hémorragique de Crimée-Congo".
Comment se transmet-elle ?
La contamination par le virus de la FHCC se fait dans la plupart des cas par piqûre de tiques Hyalomma elles-mêmes infectées. La tique Hyalomma est deux fois plus grosse qu'une tique classique, et est reconnaissable notamment à ses pattes bicolores.
Outre les piqûres de tiques, la maladie peut également s'attraper en étant en contact avec du sang ou des fluides d'humains ou d'animaux contaminés. Le virus ne se transmet pas par voie aérienne, ni par ingestion de produits laitiers au lait cru, rassure l'institut Pasteur.
D'où vient la FFHC ?
La fièvre hémorragique Crimée-Congo est donc surtout transmise par la tique Hylaomma. Originaire d’Afrique et d’Asie, cette tique est transportée principalement par les oiseaux migrateurs. Elle est présente depuis plusieurs décennies en Corse et depuis 2015 sur le littoral méditerranéen. Le virus de la FFHC circule notamment en Espagne.
"Une dizaine de cas humains autochtones de FHCC ont été rapportés en Espagne depuis 2013, dont certains ont provoqué le décès du malade", indique l'Anses, l'Agence nationale de Sécurité sanitaire. "En France, si le virus de la FHCC a été détecté pour la première fois sur des tiques collectées dans des élevages bovins du sud du pays en 2023, aucun cas humain autochtone n’a été constaté à ce jour", poursuit l'Anses.
Faut-il s'en inquiéter ?
Les êtres humains se font peu piquer par la tique Hyalomma. En effet, cette grosse tique n'a pas d'appétence particulière pour les humains et est facilement repérable, car plus visible de par sa taille. De plus, la tique Hyalomma préfère les climats secs et les périodes chaudes, contrairement aux autres tiques qui prisent plutôt les zones forestières. C'est pourquoi, en France, les tiques Hyalomma ont jusqu'ici été retrouvées surtout dans la garrigue ou le maquis méditerranéen.
Même si aucun cas autochtone n’a pour l'instant été détecté chez l’humain en France et bien que la FFHC soit généralement peu symptomatique, "dans certains cas, elle peut s’aggraver et se traduire par un syndrome hémorragique, dont le taux de létalité atteint 30 % dans certains pays", rappelle l'Anses. Et une émergence en France est possible, souligne l'agence dans un rapport en mai dernier. Le risque d'apparition de la fièvre de Crimée-Congo en France est "d'autant plus probable que l'extension géographique de la zone d'implantation des tiques devrait être favorisée par les changements climatiques", alerte Elsa Quillery, coordinatrice du rapport de l'Anses.
L'agence appelle à placer les tiques Hyalomma sous surveillance à l'échelle nationale. Car "contrairement à ce qui existe pour les moustiques, aucun dispositif de surveillance national n’est organisé pour les tiques alors qu’elles transmettent des maladies graves comme la FHCC, mais aussi la maladie de Lyme ou l’encéphalite à tiques", souligne Elsa Quillery. L'Anses appelle aussi "à développer la recherche" autour de cette tique et de ce virus, notamment pour trouver un vaccin contre la fièvre hémorragique Crimée-Congo qui n'existe pas à ce jour.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.