Tempête Harvey : le spectre de la maladie plane sur les zones inondées
Noyades, électrocution, hypothermie… La première des priorités est d’évacuer la population pour éviter ces risques en cas de tempête tropicale. Les inondations comme celles qui touchent Houston aux États-Unis piègent de nombreuses personnes, qu’il faut secourir. Une fois ces efforts effectués, le risque reste présent. Les eaux usées viendront sans doute polluer l’approvisionnement en eau potable, faisant peser un risque important sur les habitants, parfois des années durant.
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— Agence France-Presse (@afpfr) 29 août 2017
Quand une ville aussi peuplée que Houston, quatrième ville des Etats-Unis avec 2,3 millions d'habitants, est inondée, la saleté fait partie du danger, expliquent des experts. "Il y a des eaux usées, toutes sortes de pesticides, de déchets, d'herbicides, des toxines dont nous ignorons la nature, et tout cela va se mélanger", énumère Ranit Mishori, médecin généraliste et professeur à la faculté de médecine de Georgetown University. "Des centaines de types de bactéries et de virus différents peuvent venir contaminer les eaux", ajoute-t-il.
Les gens peuvent tomber malade rien qu'en marchant dans les zones indondées s'ils ont une blessure ou une égratignure. "Le risque principal, c'est le déversement d'eaux usées et d'infections bactériennes," souligne Howard Selinger, professeur de médecine générale à la faculté de médecine de Quinnipiac University.
Choléra et leptospirose
Les eaux souillées peuvent aussi infiltrer le système d'approvisionnement en eau potable, augmentant le risque de contamination et de choléra. Cette maladie, qui provoque de violentes diarrhées, touche trois à cinq millions de personnes et tue quelque 100.000 personnes par an dans le monde. Si les pays industrialisés comme les Etats-Unis ont été relativement épargnés, la maladie progresse depuis 10 ans, selon le Centre américain de contrôle des maladies (Centers for Disease Control)
"La propagation du choléra est un des principaux dangers après toute catastrophe naturelle, mais plus encore après un ouragan", selon Robert Glatter, médecin urgentiste au Lenox Hill Hospital de New York. "Le choléra est très contagieux, et peut se transmettre d'une personne à une autre via des matières fécales infectées, après ingestion d'eaux souillées ou de nourriture contaminée par les bactéries vibrio cholerae", dit-il.
Des études menées après plusieurs inondations à travers le monde ont également montré des pointes de leptospirose, une maladie causée par l'urine des rongeurs, des cochons ou des chevaux, qui peut être mortelle. La bactérie peut pénétrer le corps via la peau, les muqueuses, ou en buvant de l'eau.
Les symptômes peuvent apparaître au bout de deux jours ou seulement quatre semaines, et ressembler initialement à une grippe, avec fièvre, frissons, vomissements. Certaines personnes voient ensuite leur état s'aggraver et être atteintes au foie ou aux reins et contracter une méningite.
Développement de moisissures toxiques et propagation de maladies virales
"Les personnes âgées et les enfants sont les plus vulnérables, ce sont les premières victimes", souligne le Dr Mishori. Des maladies peuvent aussi être contractées en se lavant dans des eaux contaminées. "Après une inondation, il est essentiel de faire bouillir toutes les eaux destinées à la toilette, pour se brosser les dents, ou pour boire. L'eau en bouteille est la plus sûre dans ce genre de situation", selon le Dr Glatter.
Dans les semaines et les mois à venir, les bâtiments détrempés développeront aussi des moisissures, qui peuvent aussi être toxiques et causer toutes sortes de problèmes de santé. "L'une des conséquences de Katrina (l'ouragan qui a dévasté la Nouvelle-Orléans en 2005, ndlr) a été les moisissures qui sont restées très, très longtemps dans les écoles et d'autres bâtiments", selon le Dr Mishori.
Des maladies virales comme Zika ou le Nil occidental pourraient aussi se propager dans les semaines qui viennent, avec la recrudescence de moustiques attirés par toutes ces eaux pour se reproduire. De nombreuses études sur les effets sanitaires à long terme de ce genre de catastrophes ont montré que la bataille ne fait que commencer lorsque les eaux commencent à se retirer. Le Dr Mishori affirme que "la plupart (de ces études) ont montré qu'un an après, dans les villes touchées, les taux de mortalité sont bien plus élevés, tout comme les attaques cardiaques et cérébrales."
Avec AFP
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