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Un coach sur Internet pour soigner le diabète de type 2

L’assistance nutritionnelle personnalisée par Internet aiderait les malades du diabète de type 2 en situation d’obésité à surveiller leur équilibre glycémique.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un coach sur Internet pour soigner le diabète de type 2 (Photo via <a href="https://visualhunt.com/re/f23710">Visualhunt.com</a>)

Le e-coaching nutritionnel pourrait bientôt concurrencer l’accompagnement diététique traditionnel. Il est déjà testé à l’hôpital Bichat-Claude Bernard, à Paris. Au service de diabétologie-endocrinologie et de nutrition, le Dr Boris Hansel et le Pr Ronan Roussel ont coordonné pour l'Inserm la première étude française sur ce traitement automatisé, publiée dans le Journal of Medical Internet Research. "Cela a permis d’améliorer sensiblement les habitudes alimentaires des patients diabétiques de type 2 souffrant d’obésité abdominale", confie le Dr Hansel à Allodocteurs.fr.

Liste de courses, menus personnalisés et recommandations sportives

Ce programme, baptisé Accompagnement Nutritionnel de l’Obésité et du Diabète par E-coaching (ANODE), propose un bilan nutritionnel numérique ainsi qu’une prise en charge diététique et physique. 120 personnes de 18 à 75 ans souffrant d’un diabète de type 2  et présentant un excès de poids ont participé à l’étude. Elles ont été séparées en deux groupes : pendant quatre mois, l’un a bénéficié du programme ANODE, l’autre a reçu un suivi classique.

Les patients du premier groupe ont eu accès à un programme sur Internet entièrement automatisé, sur lequel ils avaient un compte personnel. On leur a demandé de se connecter au moins une fois par semaine sur ce compte, où ils pouvaient trouver des menus personnalisés ou une liste de courses pour la semaine. Dans le même temps, au fur et à mesure du traitement, on leur a recommandé différentes activités physiques. Le contact humain a été limité à une hotline, destinée à régler les problèmes techniques.

Les résultats sont impressionnants. Du côté de l’e-coaching, les patients ont amélioré leur "score de qualité alimentaire" – le Diet Quality Index-International, d’un total de 100 points – de 5,25 points en moyenne, alors que le score des patients ayant suivi un traitement traditionnel a baissé de 1,83 point. On observe par ailleurs une perte de poids de 5 % chez 24 % des patients du groupe de e-coaching, mais chez seulement 4 % des personnes ayant suivi le traitement classique.

Une fourchette connectée pour aider le patient

Ce programme présente en outre d’autres avantages. Premièrement, il est moins coûteux qu’un traitement classique, car il est totalement automatisé. Ensuite, il est considéré comme moins complexe : les patients suivant un traitement traditionnel ont souvent du mal à concentrer leurs efforts sur un point du programme en particulier, car ils le trouvent trop général. Peu de surprise donc à ce que le e-coaching ait beaucoup gagné en popularité ces dernières années, notamment en France.

"C’est une façon de lutter contre la désertification médicale", affirme le Dr Boris Hansel. "Quand vous avez un nutritionniste en bas de votre rue, c’est plus simple de suivre un programme diététique. Mais tout le monde n’a pas cette chance. Pourtant, 50 % des Français sont en surpoids, et 4 à 5 % d’entre eux sont diabétiques", précise-t-il.

A lire aussi : "Surpoids et obésité se stabilisent en France"

L’équipe de l’hôpital Bichat-Claude Bernard compte désormais procéder à une étude à plus grande échelle. Celle-ci devrait durer un an, et le programme de santé connectée devrait être optimisé. "Les technologies du numériques évoluent en permanence, et nous allons essayer de nous adapter à cette évolution. Nous allons intégrer à notre programme l’utilisation de smartphones, de tablettes… et même une fourchette connectée", confie Boris Hansel. Le principe de la fourchette connectée est assez simple : celle-ci émet de légères vibrations lorsque la personne mange trop vite. Ses capteurs lui permettent de mesurer le temps qui s’écoule entre chaque coup de fourchette. La personne est incitée à manger moins vite en prolongeant la mastication, donc à manger mois avant que n’arrive la sensation de satiété. La fourchette est reliée à une application sur smartphone, qui enregistre les données collectées.

A partir de janvier 2018,  l'équipe de Boris Hansel et de Ronan Roussel proposera une formation baptisée "Enseignement pratique pluridisciplinaire de santé connectée" à l’Université Paris Diderot, afin d'éduquer les jeunes médecins à ce principe de e-coaching.

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