Un cocktail de produits chimiques dans notre garde-robe
L’Anses publie aujourd’hui les résultats d’une étude menée avec des médecins (dermato-allergologues, toxicologues) et des patients, destinée à l'identification des substances irritantes en cause. La première phase de cette étude "pionnière" s'est déroulée entre janvier et septembre 2017 auprès d'une trentaine de patients adultes.
Elle a permis dans certains cas d'identifier des substances chimiques présentes dans des articles portés à l'origine de symptômes, comme par exemple la benzidine, le chrome 6, du nickel, note l'Anses. En outre, une vingtaine de familles de substances chimiques ont été recherchées dans des vêtements et une cinquantaine dans des chaussures.
Des analyses sur une quarantaine d'articles neufs ont permis d'affiner les familles de substances chimiques à rechercher et de confirmer, entre autres, la présence de nonylphénols ou encore de formaldéhyde. Elles ont également permis d'identifier des substances qui ne sont pas systématiquement recherchées en routine (comme la PPD paraphénylène diamine), alors qu'elles peuvent entraîner des dermatites de contact.
Il s’agit d’une réaction inflammatoire de la peau qui se produit lorsqu’elle est en contact répété avec un allergène. Cela s’explique par une réaction excessive et inadaptée du système immunitaire : les cellules de défense de notre corps vont reconnaître la substance allergisante et libérer en réaction des molécules inflammatoires, comme l’histamine. Résultat : la peau devient rouge, des boutons et des plaques peuvent apparaître entraînant des démangeaisons.
Laver les vêtements neufs
Pour limiter les risques, l’agence recommande de laver avant de le porter pour la première fois tout vêtement susceptible d'être en contact avec la peau. Un passage en machine permet de réduire l'exposition à des substances chimiques comme les nonylphénols, "qui sont à la fois des substances irritantes cutanées, toxiques pour la reproduction et des perturbateurs endocriniens", dit à l'AFP Christophe Rousselle de l'Anses.
Cette dernière recommande aux autorités d'abaisser le maximum réglementaire du chrome 6 dans les articles en cuir. Elle a en effet observé des réactions allergiques en dessous du "seuil réglementaire".
Elle préconise également de fixer un maximum pour le nickel dans les textiles. Pour ce métal, il n'y a pas de réglementation propre aux textiles, alors qu'il y en a dans les jouets, cosmétiques ou bijoux, explique M. Rousselle.
Sur les contrôles, l'agence sanitaire préconise de maintenir la pression pour éviter de retrouver sur le marché des articles non conformes à la réglementation.
Eviter les CMR
Par ailleurs, elle recommande aux responsables de la commercialisation de chaussures et d'habillement de "s'assurer auprès de leurs fournisseurs de l'absence de substances CMR [cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction] ou sensibilisantes ou irritantes cutanées dans les articles".
Elle souhaite aussi que l'évolution des connaissances soit utilisée pour mettre à jour la classification européenne des substances responsables d'allergies cutanées, et prône l'information du consommateur (étiquetage, emballage) pour signaler leur présence potentielle
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