Mediator : le patron de Servier promet une indemnisation aux victimes
Le nouveau président du groupe Servier s'exprimait mercredi soir devant des journalistes. Et il a donné des informations capitales. En premier lieu, Olivier Laureau, qui a remplacé Jacques Servier après son décès en avril, affirme notamment que le laboratoire pharmaceutique "indemnisera tous les patients qui ont souffert " du Mediator.
Il ajoute ceci : "Dans le cadre de l'Oniam (Office national d'indemnisation des accidents médicaux), nous avons indemnisé, nous indemnisons, et nous indemniserons tous les patients qui ont souffert du produit ", retiré du marché en 2009 après de nombreuses plaintes. Largement détourné comme médicament pour maigrir, il pourrait être responsable, selon une expertise judiciaire, de 2.100 décès à terme.
"Apaiser le jeu"
Pourquoi Olivier Laureau, un mois après le décès du fondateur du groupe, Jacques Servier, s'exprime-t-il ainsi, et maintenant ? Pour Irène Frachon, à l'origine de la révélation de l'affaire du Mediator, cela ne fait aucun doute : "Cela ressemble à une tentative d'apaiser le jeu ". Elle affirme que "ces déclarations, nous les avons déjà entendues mot pour mot il y a quelques années ".
Olivier Laureau, dans ce même entretien, explique que "nous sommes tous touchés au sein du groupe par cette affaire [...] un dossier très complexe parce qu'il est scientifique et qu'on regarde souvent le passé avec les yeux d'aujourd'hui". Pour autant, en prenant le dirigeant au mot, comme l'indique Irène Frachon, dans l'absolu toutes les victimes peuvent profiter de cette déclaration favorable pour déposer leur dossier d'indemnisation auprès de l'Oniam.
La perspective du procès
Si le laboratoire Servier s'ouvre ainsi aujourd'hui, c'est peut-être aussi parce que la perspective d'un futur procès du Mediator inquiète en haut lieu. L'instruction est désormais achevée après trois ans d'enquête, et les faits de tromperie, escroquerie et trafic d'influence sont désormais accompagnés de faits d'homicides et blessures involontaires, après que certains cas de victimes ont été joints au dossier. Le procès pourrait se tenir au premier semestre 2015.
Pas de quoi effrayer Servier, si l'on en croit Olivier Laureau : il affirme que le groupe entend "défendre sa position avec détermination" car il "estime qu'il y a beaucoup d'éléments dans le dossier qui n'ont peut-être pas été dits, entendus, donc on le fera entendre ".
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