Dépression : une prise en charge insuffisante
"Environ 40 % des personnes souffrant de dépression ne recourent pas aux soins dans notre pays", alerte la Haute autorité de santé (HAS) dans une recommandation aux médecins généralistes, publiée mercredi 8 novembre. Cette absence de soins "a des effets délétères sur [la vie quotidienne des malades] et aggrave le risque de suicide", ajoute l'autorité sanitaire. Un chiffre alarmant, quand on sait que près d’un Français sur 10 a connu un épisode dépressif au cours des douze derniers mois. Pour la HAS, les médecins généralistes sont "en première ligne pour détecter cette maladie".
"Un état de tristesse ne constitue pas une dépression"
L'autorité sanitaire soulève par ailleurs que "certaines déprimes passagères ou certains troubles psychiques graves sont parfois pris pour des dépressions et traités de façon inadéquate". Elle rappelle que pour diagnostiquer une dépression, il est nécessaire de constater plusieurs symptômes cumulés, comme une humeur dépressive, une perte d'énergie ou un trouble de l'appétit, par exemple. Ces problèmes doivent être quotidiens, récurrents et intenses, et être apparus depuis au moins deux semaines. "Un état de tristesse ou de « déprime » ne constitue pas une dépression", met en garde la HAS.
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L’autorité sanitaire déplore enfin un mauvais usage des antidépresseurs, "même lorsque la dépression est correctement diagnostiquée". Ceux-ci seraient "trop souvent prescrits pour des dépressions légères, pas assez dans des dépressions sévères, ou délivrés sans psychothérapie ni suivi". Un suivi sur lequel la HAS met l’accent, en recommandant une consultation "toutes les 4 à 8 semaines pour évaluer la tolérance et l'efficacité du traitement, le moduler si besoin, et surveiller d'éventuels comportements suicidaires ou des facteurs extérieurs pouvant les déclencher".
Des consultations plus longues pour un meilleur diagnostic
Pour le Dr Claude Leicher, président du syndicat de médecins généralistes MG France interrogé par Allodocteurs.fr, il existe plusieurs causes à cette mauvaise prise en charge, dont plusieurs ne sont pas évoquées dans cette recommandation. Selon lui, dans de nombreux cas, les patients sont réticents à prendre des antidépresseurs. Ensuite, il précise que "pour établir un meilleur diagnostic, il faudrait créer une nouvelle catégorie de consultations, plus longue. Nous en avons discuté avec l’Assurance maladie, mais jusqu’ici, le dialogue n’a pas abouti".
"Quant au manque de suivi psychologique des patients dépressifs évoqué par la Haute autorité de santé, ça me fait respectueusement sourire. On oublie que pour une consultation chez le psychiatre, les délais d’attente sont très longs, et qu’un rendez-vous chez le psychologue n’est pas remboursé", ajoute le Dr Leicher, qui déplore par ailleurs "l’évaluation a posteriori" de l’action des médecins généralistes par la HAS.
Allodocteurs.fr, avec AFP
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