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Fin prochaine de l'accès libre aux anti-douleurs : une "décision cohérente" pour l’Union syndicale des pharmaciens

Gilles Bonnefond, président de l’Union syndicale des pharmaciens d'officine, se dit favorable à cette mesure. "Il faut être prudent avec la prise de ces médicaments", rappelle-t-il sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
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L'ANSM vient d'enclencher une procédure juridique pour que le paracétamol, l'ibuprofène ou l'aspirine soient désormais tous placés derrière le comptoir dans les pharmacies. Illustration, 2012. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

"On trouve cette décision cohérente", a réagi Gilles Bonnefond, le président de l’Union syndicale des pharmaciens d'officine (USPO) jeudi 3 octobre sur franceinfo alors que l'Agence nationale de sécurité du médicament vient d'enclencher une procédure juridique pour que le paracétamol, l'ibuprofène ou l'aspirine soient désormais tous placés derrière le comptoir et non en libre-service dans les rayons des pharmacies.

franceinfo: Cette décision, c'est ce que vous demandiez ?

Gilles Bonnefond: On trouve cette décision cohérente. Dès qu'il y a un problème de sécurité pour les patients, il ne faut pas transiger. L'ibuprofène et le paracétamol sont deux molécules extrêmement efficaces à la seule condition qu'elles soient bien utilisées. S'il y a un surdosage, le paracétamol abîme le foie et l'ibuprofène abîme le rein. Il faut rappeler les dosages, la dose maximum et il faut rappeler que chez les jeunes enfants et les personnes âgées, il faut être prudent avec la prise de ces médicaments. Cette histoire de médicaments devant le comptoir, c'était une très mauvaise idée. On a donné l'impression qu'on pouvait banaliser le médicament. On a donné l'impression que les outils marketing pouvaient l'emporter sur le fait que ce soit un médicament et le fait que ce soit quelque chose qui doit être bien utilisé.

Mais ce n'est pas en libre-service partout. C'est le pharmacien qui décide ?

Comme le patient attrape lui-même les boîtes, c'est extrêmement compliqué de lui arracher les boîtes des mains pour lui dire vous savez vous n'avez le droit qu'à une boîte. Un médicament, c'est une substance active, elle peut être nocive si elle est mal utilisée. Je pense que c'est un bon signal qu'envoie l'Agence du médicament. Elle prend des précautions. L'Agence veut que le pharmacien conseille. Quand un patient rentre dans une pharmacie, il ne faut pas qu'il se serve. Il faut qu'il décrive ses symptômes. Le pharmacien va ensuite l'aider à choisir des médicaments qui seront efficaces pour lui.

Le problème, c'est que l'on peut acheter ces médicaments sur internet ?

J'espère que c'est la prochaine étape. Cela n'a pas de sens de dire : il faut passer par le réseau pharmaceutique, limiter le nombre de boîtes pour éviter de stocker dans son armoire à pharmacie des quantités non recommandées de médicaments et pouvoir, d'un autre côté, acheter sur internet. Ceux qui veulent banaliser les médicaments sur internet sont en train de faire la même erreur que ceux qui ont introduit la notion de libre-accès il y a 10 ans.

L'Agence du médicament a par ailleurs imposé qu'un avertissement soit mentionné sur ces boîtes "surdosage = danger". Sont-elles déjà arrivées en pharmacie ? Cela sert-il à quelque chose ?

Non, elles vont arriver en pharmacie vers la fin de l'année. Les logos, les signaux d'alerte, cela peut être intéressant mais quand on a sur une même boîte "risque de surdosage", "attention femmes enceintes", "attention risques en cas de conduite" donc trois logos, vous ne regardez plus du tout les logos. Cela a quand même une limite.

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