La vente de médicaments à l'unité, une pratique courante dans d'autres pays

Pour lutter contre la pénurie médicaments, le gouvernement veut instaurer l'obligation de vente à l'unité de certains antibiotiques, notamment ceux en rupture de stock.
Article rédigé par Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une illustration de médicaments et de leurs flacons aux Etats-Unis. (ERIC BARADAT / AFP)

Certains médicaments vont bientôt être vendus à l'unité et plus sous forme de plaquettes dans des boîtes. Il s'agit de l'une des mesures que veut mettre en place le gouvernement, selon les informations de franceinfo mercredi 20 septembre. L’objectif est d’éviter le gaspillage avec ces boîtes de médicaments qu'on laisse dans un placard et qui périment.

En France, la vente de médicaments à l'unité est déjà possible pour les antibiotiques ou les antalgiques comme la morphine. Mais l’exécutif veut la rendre obligatoire pour certains types d'antibiotiques en cas de pénurie. "C'est un peu du bricolage, mais on le fera, déclare sur franceinfo Philippe Besset, président de la fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Il estime que "ce n'est pas une bonne idée en soi".

Une pratique très courante aux États-Unis

Cette vente de médicaments à l'unité est une pratique courante dans d'autres pays notamment aux États-Unis. Cela ne concerne bien sûr que les médicaments sous forme de pilules ou de gélules, et pas ceux sous forme de crème ou de sirop. Selon l'économiste de la santé Bruno Ventelou, les médicaments américains se vendent à l'unité depuis plus d'un siècle, depuis les débuts de l'industrie pharmaceutique. Si bien que les patients tout comme les laboratoires et les pharmaciens se sont habitués à ce système.

Les laboratoires les livrent en vrac aux officines et le pharmacien est chargé de les conditionner dans des petits flacons. Si sur l’ordonnance, il est inscrit qu'il vous faut par exemple cinq comprimés, le pharmacien va en placer cinq pas un de plus dans le flacon. Puis il va coller dessus une étiquette qui comprend des informations comme la posologie, le nom du médecin prescripteur ou encore la date de péremption.

Cette pratique est aussi courante dans des pays anglo-saxons comme le Canada, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande. Dans ces pays, les assureurs privés font pression, pour des raisons économiques, pour éviter le gaspillage et que les médicaments soient prescrits au plus juste.

Un modèle inadapté au système français ?

Ce modèle est cependant difficilement transposable en France, et cela s’explique pour plusieurs raisons. D'abord tout simplement : le conditionnement des médicaments n'est pas le même. En France, les comprimés se présentent sous forme de tablettes qu'on appelle aussi des blisters. La filière française considère que ce conditionnement est plus sûr d'un point de vue sanitaire. Pour délivrer un médicament à l'unité, le pharmacien doit donc découper le blister et imprimer la notice d'information qui se trouve habituellement dans la boîte de médicaments.

Autre différence avec le modèle anglo-saxon : aux Etats-Unis, les officines emploient des pharmaciens chargés spécifiquement du conditionnement des médicaments en vrac, qui ne sont pas en contact avec le client, explique Guillaume Racle, de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine. Dans les pharmacies françaises, ces personnes chargées de la préparation n'existent pas. Transposer le modèle américain reviendrait donc, selon Guillaume Racle, à ajouter aux pharmaciens une charge de travail supplémentaire.

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