Les Français consomment toujours trop d'antibiotiques, malgré des progrès
L'Hexagone reste l'un des mauvais élèves de l'Europe : il s'agit du troisième pays européen où la consommation d'antibiotiques est la plus élevée, derrière la Grèce et Chypre.
Après une hausse entre 2014 et 2016, la consommation d'antibiotiques en France se stabilise – voire tend à baisser – mais reste quand même trop élevée, selon un rapport officiel publié lundi 18 novembre, à l'occasion de la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques. Celle-ci vise à alerter sur l'antibiorésistance (le fait que certaines bactéries finissent par devenir résistantes aux antibiotiques), considérée comme une menace majeure par les autorités sanitaires mondiales.
L'estimation de l'agence Santé publique France porte sur les antibiotiques prescrits en ville (hors hôpital), soit 93% de la consommation totale. Elle se base sur deux indicateurs : le nombre de doses consommées et le nombre de prescriptions. La consommation des antibiotiques en médecine de ville s'élève en 2018 à 22,5 doses pour 1 000 habitants et par jour, contre 22,7 en 2009. En se basant sur le nombre de prescriptions, le rapport montre que la consommation d'antibiotiques a baissé de 15% entre 2009 et 2018. Elle passe de 2,81 à 2,38 pour 1 000 habitants et par jour.
Les Pays-Bas en consomment trois fois moins
La France reste toutefois l'un des mauvais élèves de l'Europe. La consommation d'antibiotiques y est la plus élevée, derrière la Grèce et Chypre. Si on additionne ville et hôpital, "la France est à 25,3 doses pour 1 000 habitants et par jour. Or, la moyenne européenne est de 19,8", explique à l'AFP Bruno Coignard, Directeur des maladies infectieuses à Santé publique France. Pays le plus performant, "les Pays-Bas sont à 9,7", ajoute le médecin. Selon le rapport, "l'assurance-maladie pourrait économiser 400 millions d'euros si la consommation française était la même que celle des Pays-Bas".
Comment expliquer cette spécificité française, qui perdure malgré les recommandations ? Par "des pratiques et un historique dans l'approche médicamenteuse qui varient selon les pays", répond Bruno Coignard. En France, "la prise en charge repose beaucoup sur un traitement : un patient attend une ordonnance à la sortie" d'une consultation, analyse-t-il. "Les habitudes sont difficiles à changer", renchérit le docteur Gabriel Birgand. Selon Bruno Coignard, "l'enjeu n'est pas seulement de prescrire moins, mais mieux", en réfléchissant au choix du type d'antibiotiques ou à "la durée de traitement, qui peut être moins longue".
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