Reportage Cession potentielle de Doliprane : "S'il faut rester, on restera", affirment les salariés de Sanofi à Lisieux qui ont entamé une grève reconductible

Une équipe du matin, une équipe du soir... Les salariés grévistes de Sanofi bloquent l'usine de Lisieux pour manifester leur opposition à la cession de l'activité à un fonds américain.
Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu Normandie
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Le piquet de grève des salariés de Sanofi, le 14 octobre 2024, à Lisieux (Calvados). (MATHIS HARPHAM / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

"S'il faut rester 15 jours, trois semaines, on restera. On est prêt", prévient Aurélie, salariée de l'usine de production de Doliprane à Lisieux (Calvados), jeudi 17 octobre sur France Bleu Normandie. Les syndicats CGT et CFDT ont lancé un mouvement de grève reconductible pour protester contre le projet de cession d'Opella Healthcare International (OHI) – la filiale de Sanofi qui produit le médicament – à un fonds américain.

La grève a commencé à 5 heures. Une quarantaine de salariés sont rassemblés autour d'un brasero devant le site de Lisieux, a constaté la journaliste de France Bleu Normandie. Un barnum a été monté devant les grilles. Quelques pneus ont été déposés sur le côté "au cas où", expliquent les grévistes. Ils vont se relayer toute la journée. "L'équipe de l'après-midi va arriver ce midi et l'équipe du soir prendra le relais à partir de 21 heures", détaille Frédéric Debève, délégué syndical central CGT chez Opella Healthcare International (OHI).

Les ministres n'ont pas rassuré : "de la poudre aux yeux"

"Il y a une grosse inquiétude", confie-t-il. La venue lundi des ministres de l'Économie et de l'Industrie, Antoine Armand et Marc Ferracci, ne les a pas rassurés, bien au contraire. "On a assez vite compris que c'était de la poudre aux yeux et que l'État serait assez impuissant face à la situation", réagit Julien, technicien de fabrication. Le nouveau locataire de Bercy "étudie la possibilité d'une prise de participation à la gouvernance" d'Opella, c'est-à-dire une présence de l'État au conseil d'administration. "Les entreprises qui ont été soutenues par le gouvernement de la France ne peuvent pas l'être à n'importe quelles conditions", a-t-il expliqué devant les sénateurs mercredi. Antoine Armand dit avoir demandé un "bilan exhaustif" des aides publiques obtenues par Sanofi ces dix dernières années.

"Si ce n'est qu'à hauteur de 1%, autant dire les choses : ça revient à être une plante verte", grince une salariée gréviste. "Si l'État prend une part à hauteur de 1%, c'est ce qui nous a été dit, il ne sera pas écouté", ajoute Frédéric Debève. Le seul moyen, selon les grévistes, de faire reculer le groupe pharmaceutique Sanofi, c'est de "taper là où ça fait mal : au portefeuille", explique l'une d'entre eux. "Chaque jour, entre 1,2 million et 1,5 million de boîtes de Doliprane sortent de l'usine de Lisieux. Il faut montrer qu'on est là et puis, bloquer la production même si malheureusement, ça pourrait aboutir à une pénurie", poursuit Frédéric Debève.

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