: Reportage Cession potentielle de Doliprane : "S'il faut rester, on restera", affirment les salariés de Sanofi à Lisieux qui ont entamé une grève reconductible
"S'il faut rester 15 jours, trois semaines, on restera. On est prêt", prévient Aurélie, salariée de l'usine de production de Doliprane à Lisieux (Calvados), jeudi 17 octobre sur France Bleu Normandie. Les syndicats CGT et CFDT ont lancé un mouvement de grève reconductible pour protester contre le projet de cession d'Opella Healthcare International (OHI) – la filiale de Sanofi qui produit le médicament – à un fonds américain.
La grève a commencé à 5 heures. Une quarantaine de salariés sont rassemblés autour d'un brasero devant le site de Lisieux, a constaté la journaliste de France Bleu Normandie. Un barnum a été monté devant les grilles. Quelques pneus ont été déposés sur le côté "au cas où", expliquent les grévistes. Ils vont se relayer toute la journée. "L'équipe de l'après-midi va arriver ce midi et l'équipe du soir prendra le relais à partir de 21 heures", détaille Frédéric Debève, délégué syndical central CGT chez Opella Healthcare International (OHI).
Les ministres n'ont pas rassuré : "de la poudre aux yeux"
"Il y a une grosse inquiétude", confie-t-il. La venue lundi des ministres de l'Économie et de l'Industrie, Antoine Armand et Marc Ferracci, ne les a pas rassurés, bien au contraire. "On a assez vite compris que c'était de la poudre aux yeux et que l'État serait assez impuissant face à la situation", réagit Julien, technicien de fabrication. Le nouveau locataire de Bercy "étudie la possibilité d'une prise de participation à la gouvernance" d'Opella, c'est-à-dire une présence de l'État au conseil d'administration. "Les entreprises qui ont été soutenues par le gouvernement de la France ne peuvent pas l'être à n'importe quelles conditions", a-t-il expliqué devant les sénateurs mercredi. Antoine Armand dit avoir demandé un "bilan exhaustif" des aides publiques obtenues par Sanofi ces dix dernières années.
"Si ce n'est qu'à hauteur de 1%, autant dire les choses : ça revient à être une plante verte", grince une salariée gréviste. "Si l'État prend une part à hauteur de 1%, c'est ce qui nous a été dit, il ne sera pas écouté", ajoute Frédéric Debève. Le seul moyen, selon les grévistes, de faire reculer le groupe pharmaceutique Sanofi, c'est de "taper là où ça fait mal : au portefeuille", explique l'une d'entre eux. "Chaque jour, entre 1,2 million et 1,5 million de boîtes de Doliprane sortent de l'usine de Lisieux. Il faut montrer qu'on est là et puis, bloquer la production même si malheureusement, ça pourrait aboutir à une pénurie", poursuit Frédéric Debève.
"Quel est véritablement le but de cette vente ?"
Ce mouvement de grève concerne d'autres sites Sanofi en France dont ceux de Compiègne, dans l'Oise, de Mourenx dans les Pyrénées-Atlantiques ou du Trait en Seine-Maritime. "Cette vente représente un enjeu pour environ 1 500 emplois associés à l’activité industrielle de Sanofi", Eric Dozou délégué syndical central CFDT basé sur le site de Sanofi du Trait, sur France Bleu Normandie/ Seine-Maritime.
"La direction nous explique que Sanofi a besoin que cette vente se fasse, sinon le développement de la recherche ne sera pas possible. Mais en même temps, Sanofi supprime plus de 331 postes dans la recherche et le développement en France. Il est normal de se poser des questions : quel est véritablement le but de cette vente ? Qui en bénéficie réellement ?", interroge le syndicaliste.
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