Des médecins indignés contre l'achat de rdv médicaux prioritaires
"Une sorte de marché noir." C’est ainsi que le docteur Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l'Union française pour une médecine libre – syndicat (UFML-S) qualifie l’activité de la société DoctoChrono dans un tweet publié le 5 avril 2019. Car celle-ci va plus loin que les simples plateformes de rendez-vous en ligne : elle propose, moyennant un paiement de 30 ou 40 euros, de trouver pour vous un rendez-vous prioritaire d’imagerie médicale (IRM, scanner, échographie) ou chez un spécialiste (dermatologue, ophtalmologue, ORL, cardiologue…) dans les prochaines 48 heures. Ce service est déjà disponible à Paris, Marseille, Nice, Aix-en-Provence et en Île-de-France.
La crainte d’une médecine à deux vitesses
Sous couvert de rendre service, cette société constitue, pour le médecin généraliste, une "sorte de parasite qui se nourrit sur les patients et les soignants". Il ne mâche pas ses mots et poursuit : "C’est dégueulasse, ça pue. Nous enquêtons, et appelons l’ensemble de la profession à réagir."
Donc Doctochrono est une société qui vend du RV médical.
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) April 5, 2019
Sorte de parasite qui se nourrit sur les patients et les soignants .
C’est une sorte de marché noir .
C’est dégueulasse, ça pue .
Nous enquêtons, et appelons l’ensemble de la profession à réagir. pic.twitter.com/W0nwPwDJjo
En effet, le docteur Marty craint que ce genre de procédé n'encourage une médecine à deux vitesses : "Ce service ne rend pas service. Il marchandise le soin, le rend inégalitaire et ouvre à des dérives", écrit-il en réponse à la discussion initiée par son premier tweet. En effet, si tous les patients aimeraient obtenir un rendez-vous le plus rapidement possible, seuls ceux qui ont les moyens d’ajouter 30 ou 40 euros – évidemment non remboursables par la sécurité sociale et les complémentaires santé – pourront s’offrir ce luxe.
Or, dans le domaine de la santé, "il n’y a pas lieu d’y avoir monétisation des rendez-vous" rappelle-t-il. "Il n’est pas admissible de créer un système qui rendrait de fait inégalitaire la prise de rendez-vous et l’obtention d’un délai court d’examen ou de consultation et/ou qui orienterait vers la création d’un réseau de soin caché".
D’autres médecins, également indignés par cette pratique s’indignent dans la discussion Twitter. Pour le moment, aucune mesure concrète ou aucun avis des autorités sanitaires n’a été émis contre ce type de service.
La conciergerie médicale @doctochrono trouve des rendez vous pour de véritables urgences médicales. Par exemple Camille, chef d'entreprise, qui avait besoin d'un rendez-vous en urgence pour faire vérifier ses grains de beauté avant de partir en vacances https://t.co/pk3kkom3GK
— Jean-Jacques Fraslin (Le retour) - No #FakeMed (@Fraslin) April 7, 2019
Tout ça était tellement prévisible. Ça me dégoûte. Et pendant ce temps là que faisons nous? Nous restons au chevet d’un système en mort cérébral que certains pensent encore pouvoir sauver à coup d’acronymes divers et variés. Organiser la pénurie est leur seule ambition!
— Sebastien Thos #IngratCorporatiste (@SebastienThos) April 6, 2019
Hier @Drmartyufml a parlé de la nouvelle startup qui va "disrupter" la santé : facturer 30 à 40 € pour trouver un rendez-vous plus rapidement. Ça m'insupporte méchamment parce que :
— Florian Zores (@FZores) April 7, 2019
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