"Il faut se préparer à des hausses de cotisations de mutuelles"
Le projet de loi sur le financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2018 est présenté aujourd'hui par le gouvernement. Mathieu Escot, chargé d'études à l'UFC-Que Choisir analyse les conséquences pour les patients du nouveau reste-à-charge.
- Que va changer la réforme du reste-à-charge zéro pour les patients ?
Mathieu Escot, UFC-Que choisir : "C'était une des grandes promesses de campagne d'Emmanuel Macron, à laquelle, il faut bien le dire, on avait un peu de mal à croire. On ne voyait pas très bien par quel bout ils allaient prendre cette réforme. Mais le gouvernement a bel et bien annoncé en juin dernier que oui, tous les Français couverts par une complémentaire santé (95% de la population) pourront accéder à des lunettes, à des audioprothèses et à des prothèses dentaires sans avoir à débourser d'argent. Or, ce sont justement les trois postes de soins qui sont le plus générateurs de renoncement aux soins pour raisons financières."
- Cette mesure est-elle un réel progrès en matière d'accès aux soins ?
Mathieu Escot, UFC-Que choisir : "Il y avait un vrai problème d'inégalités sociales dans l'accès aux soins, spécifiquement sur ces dépenses-là, mal remboursées par la Sécurité sociale. Ce n'est pas le cas quand vous avez des problèmes de santé plus lourds, pour lesquels le système de santé français est très bon mais sur les prothèses dentaires, l'optique et les audioprothèses, il y avait des inégalités sociales que ce système va corriger. Tous les Français seront à égalité, pour accéder à ces offres de qualité sans avoir à débourser d'argent."
- Justement, quelles garanties peut-on avoir sur la qualité des soins "zéro reste à charge" ?
Mathieu Escot, UFC-Que choisir : "C'était la crainte de départ. Il y avait la tentation de proposer des offres de mauvaise qualité et donc pas chères. En réalité, tout ce qui nous a été présenté jusqu'à présent montre que le choix qui a été fait concerne des équipements de qualité. Ce n'est pas le plus haut de gamme du plus haut de gamme, ce n'est pas les toutes dernières prothèses auditives, ce n'est pas les meilleures technologies en matière de prothèses dentaires, par exemple, si vous avez une prothèses en fond de bouche, ce sera une prothèse métallique... mais il y a eu un arbitrage assez juste entre l'équilibre financier et la qualité. La qualité sera au rendez-vous."
- Y a-t-il un risque de hausse des cotisations des complémentaires santé ?
Mathieu Escot, UFC-Que choisir : "Nous avions alerté le gouvernement sur cette question dès l'origine de la réforme. Nous avions demandé au gouvernement de faire diminuer le prix de ces prothèses dentaires ou audioprothèses et lunettes pour justement que ça ne coûte pas trop cher en termes de cotisations et là-dessus, il y a eu quelques efforts de fait, mais pas suffisamment. Donc il faut se préparer à avoir des hausses de cotisations des complémentaires santé. De toute façon, il n'y a pas de soins gratuits. Il faut forcément que ce soit payé par quelqu'un. En l'occurrence, ce sera principalement par les complémentaires santé et donc par les Français indirectement."
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