Les médicaments princeps seront-ils bientôt moins bien remboursés que leurs génériques ?
A partir du 1er janvier 2020, si un patient arrive à la pharmacie avec une ordonnance et s'il refuse un générique, il sera moins bien remboursé : il sera remboursé sur la base du prix du générique et non plus sur la base du prix réel du médicament de marque qu'il exige. Il devra également faire l'avance des frais, comme c'est déjà le cas. Or, un médicament d'origine coûte en moyenne 40% plus cher que le générique. Les patients qui ont un traitement coûteux au long cours, devront donc payer environ 100 euros en plus par mois.
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Pourquoi renforcer le recours aux génériques ?
Sur les génériques, la France est très en retard par rapport à ses voisins. En France, seuls 36% des médicaments vendus sont des génériques contre 80% en Allemagne et 83% en Grande-Bretagne. Et pourtant, le générique est la copie d'un médicament d'origine (princeps), dont le brevet est tombé dans le domaine public.
Le générique doit avoir la même composition en principe actif, la même forme pharmaceutique (sirop, gélule...) et démontrer qu'il a la même efficacité que le princeps. Le générique est donc un médicament comme les autres. Et pour le gouvernement, il n'y a aucune raison que la Sécurité sociale rembourse plus cher aux patients un médicament qui n'apporte aucun bénéfice supplémentaire. C'est au patient et non à la collectivité d'assumer ce choix personnel.
Les médecins et patients inquiets
Le gouvernement a aussi décidé de serrer la vis pour les médecins. Aujourd'hui, quand un médecin prescrit un médicament, le pharmacien a l'obligation de donner le générique. Sauf si le médecin s'y oppose. Pour cela, il doit inscrire la mention "Non substituable" à la main sur l'ordonnance. Mais à partir de janvier 2020, le médecin ne pourra plus se contenter d'écrire cette mention, il sera obligé de justifier son choix par "un critère médical objectif", inscrit sur l'ordonnance. L'Agence du médicament sera, elle, chargée d'établir la liste précise de ces critères qui sera a priori limitée. Le gouvernement a décidé de serrer la vis en raison de l'explosion du nombre de mentions "Non substituable" ces dernières années. On la retrouve aujourd'hui sur 9% des ordonnances, sans raison évidente.
De leur côté, des associations d'usagers sont d'ores et déjà montées au créneau pour dénoncer une mesure injuste qui a pour effet de faire payer plus aux patients. Cette mesure peut en effet paraître inégalitaire : les plus riches pourront continuer à s'offrir le "vrai médicament" alors que les autres devront se contenter du générique, moins cher. Cela renforce l'idée selon laquelle le princeps est forcément meilleur puisqu'il est réservé à ceux qui ont de l'argent.
Pour les syndicats de médecins et de pharmaciens, cette obligation de justifier le refus d'un générique va leur prendre un temps fou et créer des situations conflictuelles avec les patients.
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Comment développer les génériques en France ?
Pour développer les génériques en France, il faudrait tout d'abord appliquer les mesures existantes. Normalement, quand un médecin rédige une ordonnance, il a l'obligation d'écrire la dénomination commune internationale (DCI) du médicament, c'est-à-dire le nom scientifique du principe actif. C'est ensuite au pharmacien de choisir le générique qui convient le mieux. Mais cette obligation n'est absolument pas respectée. Or, quand un médecin prescrit un médicament de marque en particulier, cela suggère au patient qu'il est meilleur et donc il acceptera moins bien le générique.
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Certains médecins sont convaincus que les nouveaux médicaments sont plus efficaces et cela est compréhensible quand on constate l'énergie et les sommes faramineuses que l'industrie pharmaceutique consacre pour promouvoir ses nouveautés auprès des médecins. Il y a donc encore beaucoup de travail pour convaincre les patients et les médecins de la qualité des génériques. Développer et renforcer le recours aux génériques est nécessaire pour réaliser des économies, qui permettront de financer les traitements innovants, souvent très chers.
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