Travailleurs indépendants : leur santé en danger
Perché sur son échelle, Yves démonte le toit d'un cabanon. A 53 ans, ce maçon rénove des maisons depuis qu'il a l'âge de travailler. Une activité usante. Depuis quelques mois, il souffre notamment du dos. "Je n'ai pas le choix. J'ai des enfants. Il faut travailler pour les nourrir", commente-t-il.
Travailler à tout prix, malgré les ennuis de santé. C’est aussi le cas de son frère Guillaume, 49 ans. Il ne compte pas ses heures car, en tant que travailleur indépendant, ses revenus sont liés à l'avancée des travaux : "Je suis obligé de travailler 15h par jour parfois 16h, parfois 6 jours sur 7… Je suis obligé d'aller gagner de l'argent pour payer les factures. Sinon les fins de mois sont difficiles."
Des indemnités trop faibles en cas d'arrêt maladie
L’an dernier, Guillaume a dû s'arrêter après un accident grave sur un chantier. La chute d'un mur sur son dos lui a provoqué une double fracture des épineuses dorsales. Il aurait du s’arrêter six mois, mais il a repris le travail après trois mois seulement. Impossible de faire vivre sa famille avec les 600 euros d’indemnités versées par le régime social des indépendants (RSI). Ce sont généralement les artisans et les commerçants aux revenus irréguliers qui se retrouvent en difficulté.
Le Dr Pascal Perrot, médecin conseil national du RSI, estime pourtant que la santé est une des priorités : "On dit souvent que la santé des indépendants, c'est la santé de leur entreprise. Au-delà du slogan, c'est une réalité. Nous avons des services d'accueil qui sont à l'écoute, des services qui ont la capacité de gérer et d'aider les indépendants."
Selon les représentants des indépendants, le RSI est trop rigide
Selon les représentants des indépendants, le RSI est l'unique responsable de leurs difficultés car il serait trop rigide et pas assez adapté à leur situation professionnelle. "Aujourd'hui, on paye beaucoup, le service est mauvais donc, pour ne pas être confronté à ces problèmes, et bien je vais bosser… Quand j'ai une petite maladie, que je considère que c'est une petite maladie, je ne vais pas chez le médecin. Je n'ai pas le temps. C'est un vrai souci", exprime Marc Sanchez, secrétaire général du Syndicat des indépendants.
Un compromis vient néanmoins d'être trouvé. Tous les indépendants pourront bientôt bénéficier d’un mi-temps thérapeutique. Une possibilité dans certains cas de se soigner tout en gardant un pied dans son entreprise. Cette mesure doit être mise en place dès cette année.
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