Anxiété, culpabilité, non-dit : le placement d'une personne âgée en structure d'accueil reste encore tabou
À l'occasion de la journée internationale des personnes âgées lundi, une enquête révèle que la question du placement en établissement génère souvent de l'angoisse pour les seniors concernés comme pour leurs proches.
À l'occasion de la journée internationale des personnes âgées lundi 1er octobre, une enquête réalisée par le Crédoc pour Terra Nova, AG2R La Mondiale et le groupe Caisse des Dépôts montre que 36% des 35 ans et plus se sentent concernés directement ou indirectement par l’entrée des personnes âgées en structure d’accueil, soit près de 15 millions de Français.
Une question taboue pour 42% des personnes concernées
L'angoisse est manifeste chez les personnes âgées comme pour leurs proches : pour 8 personnes sur 10, l'entrée en structure d'accueil est associée à la fois à une perte d'autonomie de choix pour les personnes concernées et à un soulagement pour leurs proches.
Ce soulagement n'empêche pas une certaine culpabilité et un sentiment de solitude : 34% des plus de 35 ans déclarent qu’il leur arrive de penser à l’entrée d’un proche dans une structure d’accueil et que cela les préoccupe. Cette anxiété explique la difficulté à en parler, le sujet devient tabou : alors que la perspective de l'entrée en structure d'accueil est reconnue comme prochaine, 42% déclarent que la question n'a pas encore été abordée dans leur entourage. Terra Nova propose qu'un tiers joue alors le rôle de médiateur pour débloquer la parole et l'échange.
La décision d'entrer en structure d'accueil est par ailleurs rarement attribuée directement aux personnes qui vont entrer ou qui résident dans un établissement. Selon les publics interrogés, les situations d'entrée en structure d'accueil sans le consentement de l'intéressé(e) oscilleraient ainsi entre 37% et 49% des cas, soit en moyenne plus de 4 situations sur 10.
Des entrées liées à un accident ou un problème médical
L'une des hypothèses avancées pour expliquer ce nombre croissant de situations de contrainte serait que l'on arrive plus tard en structure d’accueil (entre 85 et 86 ans en moyenne) et donc souvent dans un état de santé plus dégradé qui ne permet pas toujours à l’intéressé(e) de faire valoir son avis ou sa volonté. C'est souvent une chute, un accident domestique, un problème cardio-vasculaire qui finit par précipiter l'entrée en maison de retraite, entrée en urgence et loin d'être sereine. Les personnes âgées disent alors le ressentir comme une contrainte. Aujourd'hui, environ 750 000 Français vivent en Ehpad (Etablissement d'hébergement de personnes âgées dépendantes).
Des pistes pour améliorer la vie en structure d'accueil
Quant aux solutions envisagées pour améliorer la vie en structure d'accueil, 30,4% des sondés répondent, en premier ou second choix, "accueillir les animaux de compagnie". Suivent, dans l'ordre, le fait de "pouvoir partager une chambre avec son conjoint", "augmenter la possibilité de participer à des activités extérieures", "proposer un environnement plus personnalisé".
Cette enquête a été réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 2014 personnes, âgées de 18 ans et plus, sélectionnées selon la méthode des quotas (région, taille d’agglomération, âge-sexe, profession et catégorie socio-professionnelle).
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