Désert médical : médecins retraités et internes appelés à la rescousse
Il y a encore quelques semaines, le Dr Gérard Benoît était à la retraite. À 70 ans, ce généraliste a repris du service pour permettre aux habitants de Laval d'accéder aux soins. "J'ai l'impression de rendre service et d'aider les gens qui en ont vraiment besoin. Certains n'ont pas vu de médecin depuis des mois alors qu'ils ont des maladies qui nécessitent des traitements. Pas de médecin, donc pas d'ordonnance et pas de traitement".
La Mayenne manque cruellement de médecins généralistes
La Mayenne est le troisième plus gros désert médical de France. Le département compte seulement 160 médecins généralistes. Il en faudrait le double ! Beaucoup d'habitants, notamment à Laval, n'ont pas de médecin traitant. C'est le cas de Mathieu, habitant de Laval depuis deux ans, qui vient voir le Dr Benoît. "Aujourd'hui, quand on contacte un médecin, il n'y a pas de place. Avec un bébé, on peut réussir à trouver des places en forçant un peu. Mais, pour des jeunes adultes, c'est très compliqué de trouver un médecin sur Laval".
Comme le Dr Benoît, onze autres médecins retraités se relaient dans ce cabinet de proximité pour assurer toute la semaine des consultations de 8 heures à 20 heures. Le Dr Dominique Hérault est à la retraite depuis 18 mois. Il tient maintenant une consultation par semaine. "Ce qui m'a motivé, c'est le projet qu'on m'a présenté, c'est-à-dire de travailler quelques jours par mois avec des collègues, dans une espèce de communauté médicale. C'est aussi de reprendre le travail avec des internes et donc avec des jeunes, en se disant peut-être qu'on va réussir à faire que ces jeunes s'installent là où il y en a besoin, comme ici à Laval".
Un cabinet expérimental pour attirer de jeunes médecins
Parmi ces jeunes internes, il y a Olga Bondarenko. Elle effectue dans ce cabinet son stage de fin d'internat au rythme d'une journée par semaine. Pour l'instant, elle ne sait pas si elle s’installera définitivement ici. Tout dépendra des infrastructures disponibles. "Ça va être bien si j'ai une équipe de soins à proximité : des infirmières, des kinésithérapeutes, des podologues… Après, pour les médecins spécialistes, c'est normal, on va adresser les patients vers les grandes villes".
S'adapter aux nouvelles générations de médecins est un enjeu majeur pour lutter contre les déserts médicaux. Le Dr Herault en a bien conscience. L'approche actuelle du métier n'a rien à voir avec celle qu'il a connue. "Je suis d'une génération où on travaillait de 8 heures à 20 heures puisque les gardes de médecine commencent à 20 heures jusqu'à 8 heures le lendemain. Ces horaires sont difficilement applicables à l'heure actuelle. Les jeunes ne veulent plus travailler comme ça".
Avec ce cabinet expérimental, l'objectif est de créer à terme une maison de santé regroupant plusieurs généralistes et spécialistes, favorisant ainsi l'installation de jeunes médecins.
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