Déserts médicaux, AME, IVG, PMA : ce que proposent Le Pen et Macron
- La lutte contre les déserts médicaux
Marine Le Pen et Emmanuel Macron refusent de contraindre les médecins à s'installer dans des zones désertifiées. Ils partagent une proposition en commun : augmenter le numerus clausus. En clair, ils veulent former plus de médecins. Cette mesure a ses limites car elle ne verrait ses effets que dans une dizaine d'années. Et cette solution ne règle en rien le problème de répartition des médecins. Il faut faire en sorte qu'ils aient envie de s'installer dans ces territoires. Le manque de médecins n'est que la partie émergée du problème. Il faudrait aussi redynamiser ces territoires.
Marine Le Pen propose d'instaurer un stage d'internat aux étudiants dans ces zones sous-dotées et permettre aux médecins retraités de continuer leur activité avec une déduction de charges (un dispositif similaire est déjà en place).
De son côté, Emmanuel Macron souhaite développer la télémédecine et doubler les maisons de santé pluridisciplinaires d'ici cinq ans. Il en existe 1.200 aujourd'hui. Attention, ces maisons de santé pluridisciplinaires doivent être créées en concertation avec les médecins car de nombreux maires ont pris cette initiative seuls et se retrouvent avec des locaux vides.
Conclusion : rien de bien neuf de la part des deux candidats pour faire face aux déserts médicaux qui s'étendent chaque jour un peu plus.
- L'aide médicale d'État (AME)
L'aide médicale d'Etat (AME) permet aux étrangers sans papiers de se soigner gratuitement sur notre territoire. Marine Le Pen souhaite supprimer cette aide qu'elle chiffre à 1,3 milliard d'euros. Elle veut la remplacer par une aide restreinte réservée aux soins d'urgence vitale et aux maladies graves contagieuses. Pour les étrangers en situation régulière, Marine Le Pen veut instituer un délai de carence de deux ans avant d'avoir accès à notre système de santé.
Emmanuel Macron, lui, veut au contraire préserver la solidarité. Pour lui, faire payer la santé à des étrangers qui vivent sur notre territoire n'est pas un projet radical mais un projet dangereux. Car priver les étrangers de soins, ce n'est pas seulement trahir nos valeurs, c'est aussi menacer la santé des Français en acceptant que certaines maladies que l'on avait éradiquées prospèrent de nouveau sur notre territoire.
L'AME est un thème qui divise et qui est à l'origine de beaucoup de fantasmes. Au 31 décembre 2015, cette aide a concerné 316.314 bénéficiaires. Le think tank Terra nova estime que sa suppression serait une goutte d'eau dans l'océan de dépenses de santé. Contrairement aux chiffres avancés par le Front national, l'AME coûterait 765 millions d'euros, soit 0,4% des dépenses de santé qui s'élèvent à 195 milliards. Ce think tank est classé à gauche alors que pour l'Institut Montaigne, il est plutôt libéral. Cet institut estime que la suppression de l'AME ferait une économie de 598 millions d'euros, loin des estimations du FN.
Aujourd'hui, l'AME a une double vocation en France : sanitaire mais aussi humanitaire. C'est un choix de société où les candidats ont une position diamétralement opposée.
- L'interruption volontaire de grossesse (IVG)
Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont également en désaccord concernant l'IVG, l'interruption volontaire de grossesse.
Emmanuel Macron affirme vouloir défendre le droit à l'IVG et en faciliter l'accès via le Planning familial. Il a d'ailleurs rendu hommage à Simone Veil lors d'un de ses meetings.
En revanche, la question de l'IVG fait débat au sein du Front national, elle n'est d'ailleurs pas mentionnée dans son programme. Marine Le Pen a indiqué qu'elle ne souhaite aucune modification de l'accès et du remboursement de l'IVG. Cependant, en janvier 2017, elle s'était opposée à la loi sur le "délit d'entrave numérique" visant à pénaliser les sites diffusant de fausses informations sur l'interruption volontaire de grossesse. En 2012, Marine Le Pen dénonçait les "avortements de confort", position défendue aujourd'hui par sa nièce, Marion Maréchal Le Pen.
Revenir sur l'IVG serait irresponsable non pas d'un point de vue politique, mais médical. Cela signifierait le retour des avortements clandestins dont on sait qu'ils sont mutilants pour les femmes mais aussi meurtriers.
- La procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA)
Si Marine Le Pen veut réserver la PMA aux seuls couples stériles, Emmanuel Macron souhaiterait l'ouvrir aux femmes seules et aux couples lesbiens. Mais il attendra l'avis du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) sur le sujet qui devrait être rendu en 2017.
En revanche, les deux candidats se prononcent contre la GPA.
Concernant la fin de vie, Marine Le Pen et Emmanuel Macron souhaitent conserver la loi votée en 2016 en l'état mais le candidat du mouvement "En Marche" n'exclut pas un débat si cela est nécessaire.
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