En France, la télémédecine devient réalité
De plus en plus pratiquées par les médecins généralistes, la "téléconsultation" et "téléexpertise" devraient bientôt être encadrées. Des négociations entre l’Assurance-maladie et les syndicats de médecins ont ouvert la semaine dernière afin d’en fixer les règles.
Être soigné par écran interposé, déjà une réalité. La télémédecine le permet aujourd’hui, tout comme elle permet à un médecin de recourir à distance à l’expertise d’un collègue. Ces pratiques, respectivement de "téléconsultation" et de "téléexpertise", sont entrées dans le droit commun français début janvier, dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale 2018.
En France, c’est une pratique de plus en plus populaire chez les médecins mais dont les modalités de réalisation, les tarifs de consultation et le remboursement des patients restent assez flous. C’est pourquoi le 18 janvier dernier, face aux syndicats de médecins, l'Union des caisses d'assurance-maladie (Uncam) a ouvert la négociation conventionnelle sur la télémédecine dans le but d’encadrer cette pratique.
Gagner du temps, désengorger les cabinets et réduire les déserts médicaux
Parmi les avantages de la télémédecine, le gain de temps, le désengorgement des cabinets médicaux et la réduction des déserts médicaux. Jacques Battistoni, médecin généraliste et président du syndicat MG France, en a fait l’expérience : "Ça m’est arrivé de communiquer avec des confrères dermatologues, de leur envoyer une image (…) Quelque chose de visuel comme une lésion cutanée, c’est quelque chose qui se prête bien à un usage de la télémédecine." Cette pratique s’inspire "des activités de téléconseil" pratiquées dans certains pays comme la Norvège et qui mériterait, selon lui, "d’être développée, où effectivement le médecin généraliste en particulier, pour économiser du temps médical, prend une ou deux heures de sa journée pour appeler et échanger avec ses patients."
Plus précisément, le médecin généraliste estime que la télémédecine "est un outil au service d’organisations territoriales et d’une meilleure organisation des soins. En ce sens-là, ça nous paraît intéressant mais il y a encore beaucoup de choses à mettre en place pour que ce soit réellement efficace et effectif pour nos patients."
"Ce qu’on va mettre en place le plus vite, c’est la prise en charge des patients âgés qui présentent une maladie de longue durée"
En effet, parmi les questions à régler, la rémunération des médecins, le coût des consultations et la sécurité des données transférées. "Concrètement, ce qu’on va mettre en place le plus vite, c’est la prise en charge des patients âgés qui présentent une maladie de longue durée, pour lesquels on va mettre en place un suivi." ajoute Jacques Battistoni.
Si certains craignent une déshumanisation de la relation médecin/patient, le président du syndicat MG France considère lui que "ça ne la remplace pas, ni le contact, ni l’examen clinique mais il est évident que ça permet de faire des choses dans l’intervalle complémentaires, supplémentaires éventuellement."
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