Maladie de Lyme : une plainte de 300 patients en préparation, "un cri de colère des malades qui n'en peuvent plus"
Me Julien Fouray est l'un des défenseurs d'un collectif de patients atteints de la maladie de Lyme. Il a expliqué à franceinfo jeudi le sens de la plainte commune auprès du parquet de Paris : "Nous visons les autorités sanitaires (...) et le ministère de la Santé".
Environ 300 personnes atteintes par la maladie de Lyme s'apprêtent à porter plainte auprès du parquet de Paris, estimant avoir été victimes de négligences et dénonçant des tests non fiables. C'est "un cri d'alarme, un cri de colère des malades qui n'en peuvent plus", a expliqué jeudi 21 décembre sur franceinfo l'un de leurs avocats, Me Julien Fouray, qui représente le collectif Lymaction avec sa consœur, Catherine Faivre.
Selon lui, "les autorités sanitaires (…) ont participé pendant de nombreuses années au déni de la maladie de Lyme", une infection transmise par les tiques pouvant provoquer des troubles invalidants et douloureux.
franceinfo : qui visez-vous par cette plainte ?
Me Julien Fouray : Nous visons les autorités sanitaires, dont nous considérons qu'elles ont participé pendant de nombreuses années au déni de la maladie de Lyme, en particulier le Centre national de référence (CNR) de Strasbourg, qui est en principe l'autorité qui devrait faire référence concernant la maladie de Lyme. Nous visons également le ministère de la Santé, qui a validé la nomination du CNR, et qui a manqué de vigilance dans la désignation des experts qui composent ce centre.
Que leur reprochez-vous précisément ?
Nous reprochons précisément aux autorités sanitaires les liens de collaboration que certains de leurs membres ont entretenus avec les laboratoires fabriquant des tests sérodiagnostics [examen du sérum du sang], dont nous avons aujourd'hui la certitude qu'ils sont totalement inefficaces et dont la fiabilité ne peut absolument pas être garantie. Au-delà de cette défaillance technique, nous posons la question de la consanguinité entre certains membres de ces autorités sanitaires et les laboratoires, qui peut tout à fait expliquer qu'on continue aujourd'hui à commercialiser des tests qui sont totalement inefficaces et qui ne permettent absolument pas de diagnostiquer la maladie.
S'agit-il d'une plainte pénale inédite ?
Oui, cette plainte est inédite par son ampleur, puisque plusieurs centaines de malades soutiennent cette action. C'est surtout l'expression d'un cri d'alarme, un cri de colère des malades qui n'en peuvent plus. Un plan national de lutte contre la maladie de Lyme a été lancé en septembre 2016, c'est évidemment un progrès, mais ce plan n'avance pas suffisamment rapidement. Et surtout, encore une fois, il n'y a aucune mesure d'urgence, notamment sur le retrait de ces tests sérodiagnostics, dont personne ne peut défendre la fiabilité.
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