Quatre questions sur l'augmentation des tarifs des consultations médicales à partir de dimanche
Cette hausse était demandée de longue date par les praticiens. A partir de dimanche 22 décembre, le prix des consultations médicales va augmenter, passant à de 26,50 à 30 euros chez un médecin généraliste et de 56,50 euros à 60 euros chez un spécialiste. Ces revalorisations, qui concernent les professionnels qui ne pratiquent pas de dépassements d'honoraires, sont la conséquence d'un accord signé entre l'Assurance-maladie et les médecins libéraux au mois de juin. Franceinfo détaille ces nouveaux tarifs.
1 Quels sont les nouveaux tarifs en vigueur chez les généralistes ?
A partir de dimanche, la consultation chez un médecin généraliste passe de 26,50 à 30 euros et de 31,50 à 35 euros pour les enfants de moins de 6 ans. Côté remboursement, l'Assurance-maladie continue de prendre en charge ces consultations à hauteur de 70% et les complémentaires, à 30%. Toutefois, 4% des Français ne bénéficient pas d'une complémentaire santé et verront mécaniquement leur reste à charge augmenter. Par ailleurs, depuis le mois de mai, la participation forfaitaire des patients a doublé, passant de un à deux euros pour l'ensemble des praticiens, dans la limite de 50 euros par an/patient.
Par ailleurs, à partir de 2026, les médecins généralistes percevront un "forfait médecin traitant", une rémunération complémentaire versée par l'Assurance-maladie perçue en plus des consultations réalisées. Ce forfait sera simplifié et calibré sur la composition de leur patientèle pour valoriser la prise en charge de patients âgés, précaires ou malades chroniques. A titre d'exemple, le suivi annuel d'un patient de plus de 80 ans en affection de longue durée (ALD) sera revalorisé à 100 euros, contre 70 euros actuellement.
2 Comment les prix évoluent-ils chez les spécialistes ?
Les consultations chez les spécialistes passent de 56,50 à 60 euros à partir de dimanche. La convention signée avec l'Assurance-maladie entraîne aussi diverses hausses tarifaires, parfois en deux temps, avec une première augmentation dimanche et une deuxième au 1er juillet. Voici le détail selon les spécialités.
En pédiatrie, les trois consultations obligatoires de l'enfant qui nécessitent un "certificat" du médecin passeront à 54 euros dimanche puis à 60 euros au 1er juillet (contre 47,50 euros auparavant). Les autres examens obligatoires (pris en charge à 100% par l'Assurance-maladie) et les consultations de suivi courant sont aussi revalorisés. L'accord crée une nouvelle consultation d'expertise pédiatrique jusqu'à 16 ans, à 60 euros, sur courrier d'un médecin, d'une sage-femme ou d'un orthophoniste.
En psychiatrie, la consultation est revalorisée à hauteur de 55 euros dimanche, puis à 57 euros au 1er juillet (contre 51,70 euros jusqu'à dimanche). Face à la dégradation de la santé mentale des jeunes notamment, la consultation de pédo-psychiatrie sera facturée au patient 67 euros dimanche puis 75 euros à partir du 1er juillet, contre 54,70 euros jusque-là. Elle sera utilisable jusqu'aux 25 ans du patient.
Des hausses sont prévues pour d'autres spécialistes, comme les gynécologues médicaux, dont le prix de la consultation sera fixé à 37 euros dimanche, contre 33,50 euros jusqu'alors, puis à 40 euros en juillet. Celle des gériatres passera à 37 euros en décembre puis à 42 euros en juillet. Du côté des neurologues, le tarif d'une consultation évoluera de 51,70 euros à 57 euros. Enfin, pour le dépistage des mélanomes par les dermatologues, cette consultation spécifique passera de 47,50 euros à 54 euros en décembre puis à 60 euros en juillet.
3 Pourquoi avoir augmenté le prix des consultations ?
Cette hausse était réclamée par les praticiens. En 2023, la revalorisation des consultations de seulement 1,50 euro avait suscité l'ire des médecins généralistes, qui demandaient déjà une consultation à 30 euros. "Les 30 euros correspondent à la demande qu'on avait pour contrebalancer l'inflation", expliquait au mois de mai sur franceinfo Agnès Giannotti, présidente du syndicat MG France, lors des négociations avec la Caisse nationale d'Assurance-maladie (Cnam).
Ces nouveaux tarifs visent aussi à favoriser les installations de médecins en cabinet de ville, en rendant l'activité "plus attractive", notamment pour les généralistes. En outre, l'accord simplifie et complète les aides financières accordées aux médecins qui s'installent dans un désert médical, réalisent des consultations "ponctuelles" dans des zones sous-dotées ou engagent des assistants médicaux pour pouvoir prendre davantage de patients.
Mais ces mesures ne seront pas suffisantes, estime le syndicat des médecins libéraux (SML). "Nos exigences de revalorisation capables de créer un choc d'attractivité suffisant pour susciter l'installation des jeunes médecins n'y sont clairement pas", tançait l'organisation à l'issue de l'accord signé en juin, dans un communiqué.
4 Quelles sont les contreparties demandées aux médecins ?
Ces nouveaux tarifs vont coûter 1,6 milliard d'euros à l'Assurance-maladie, selon son directeur, Thomas Fatôme, cité dans un communiqué. En contrepartie, les médecins doivent remplir "dix objectifs chiffrés", comme réduire le taux de malades en ALD sans médecin traitant à 2% ou augmenter leur patientèle de 2% par an. Ils s'engagent aussi sur 15 programmes d'action pour "la pertinence et la qualité" des soins (baisse des prescriptions d'arrêts de travail, de certains médicaments, transports sanitaires...). Les résultats seront suivis par un observatoire et publiés en ligne chaque trimestre, à partir du premier trimestre 2025.
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