: Reportage Les pharmacies peinent à recruter : "J'ai des collègues qui cherchent depuis deux ans"
En France, 15 000 postes de préparateurs et de pharmaciens sont à pourvoir. Mais le métier peine à recruter les jeunes : en cause, des horaires élastiques et des salaires trop bas pour le niveau d'étude.
En plein mois d'août, Éric Pinçon n'a pas beaucoup de clients dans sa pharmacie à Changé-lès-Laval, en Mayenne, donc il n'a besoin que d'une préparatrice. Mais dès la rentrée, il se remettra activement à la recherche d'un assistant. "Personnellement, je cherche un pharmacien depuis le début de l'année, j'ai mis des annonces un peu partout, explique-t-il. J'ai vu une personne pour l'instant qui a trouvé un employeur." Car les futurs pharmaciens ou préparateurs sont plus regardants sur les conditions de travail.
"Plein de critères entrent en jeu maintenant, dont les horaires. Je ferme à 20h, donc déjà c'est un peu rédhibitoire. Ils essayent de ne pas finir trop tard et de ne pas travailler le samedi."
Éric Pinçon, pharmacienà franceinfo
Et il n'est pas le seul à manquer de personnel en Mayenne. Les 85 pharmacies du département proposent une cinquantaine de postes. Éric Pinçon, qui est aussi co-président du syndicat des pharmaciens du département, a fait un petit sondage auprès de ses confrères. "J'ai envoyé un message WhatsApp pour voir. Sur les 22 qui m'ont répondu, on a douze demandes d'emploi de pharmaciens et huit de préparateurs, énumère-t-il. J'ai des collègues qui cherchent depuis un ou deux ans : ils mettent des affiches sur leurs pharmacies, des annonces sur Internet ou dans les amphis, mais ils ne trouvent personne."
Des horaires "un peu larges" et des salaires "à peu près au smic"
La pénurie est généralisée à l'ensemble du territoire français : 15 000 postes de préparateurs et de pharmaciens sont à pourvoir, mais ce métier peine à attirer les jeunes. Deux ans d'étude pour un préparateur en pharmacie, six pour un pharmacien. Pour Laura, qui travaille comme préparatrice dans la pharmacie d'Éric Pinçon, le problème se pose avant tout dans les salaires trop bas et les horaires élastiques.
"Les horaires sont assez larges quand même : on peut finir à 19h15 ou 19h30. On fait un 35 heures, mais les horaires sont justes un peu différents.
Laura, préparatrice en pharmacieà franceinfo
"C'est vrai qu'il faut travailler le samedi, mais comme dans beaucoup de métiers en relation avec la clientèle, ajoute-t-elle. Les horaires sont juste un peu plus larges, mais comme dans beaucoup de commerces." Par contre elle le reconnaît, les salaires sont un peu bas : "C'est plus le cas pour les préparateurs que pour les pharmaciens. Le salaire équivaut à un smic à peu près, mais pas beaucoup plus."
Pour compenser l'inflation, Éric Pinçon a augmenté ses salariés de 6%. Il espère maintenant que le prochain budget de la Sécurité sociale lui permettra d'augmenter les tarifs de sa pharmacie pour équilibrer ses comptes.
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