Catégories touchées, manques de soins... Trois questions sur la santé mentale, érigée en "grande cause nationale" par Michel Barnier

Le locataire de Matignon a déclaré dimanche soir qu'il souhaite, l'an prochain, faire de la santé mentale une "grande cause nationale". Un sujet qui touche de nombreux Français, alors que les moyens manquent cruellement en psychiatrie.
Article rédigé par Gérald Roux - édité par Julien Ricotta
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Pôle de santé mentale de l'hôpital psychiatrique de Thuir, à Perpignan (illustration). (CLEMENTZ MICHEL / MAXPPP)

Le Premier ministre Michel Barnier a annoncé dimanche soir, au journal télévisé de 20 heures, qu'il souhaitait faire de la santé mentale une "grande cause nationale" en 2025. Le constat est clair : les Français ne sont pas en forme. D'après Santé publique France, 12% des Français de plus de 18 ans ont vécu un épisode dépressif au cours de l'année écoulée. En ce qui concerne l'anxiété, 16% des adultes en ont souffert sur les 12 derniers mois. Dans les cas les plus graves, 4% des personnes des plus de 18 ans ont pensé au suicide. Franceinfo répond à trois questions sur cette thématique sensible, qui touche des millions de Français.

Quelle est la population la plus touchée ?

Les jeunes sont la catégorie de population la plus vulnérable, avec des chiffres encore plus préoccupants. Les troubles dépressifs touchent ainsi 21% des jeunes des 18-24 ans. Les pensées suicidaires affectent 7% de cette catégorie, en particulier les jeunes femmes. Le malaise a fortement augmenté depuis la crise du Covid, dans les années 2020-2021.

Chez les moins de 18 ans, la consommation d'antidépresseurs a grimpé de 60% en 7 ans et les hospitalisations et les tentatives de suicide ont aussi sensiblement augmenté depuis 15 ans, particulièrement chez les jeunes femmes et les adolescentes.

Pourquoi et à quelle hauteur les soins manquent-ils ?

Face à cette situation, la réponse thérapeutique n'est pas à la hauteur du malaise. Les pôles santé mentale de l'hôpital sont en crise depuis des années, minés par le manque de moyens et d'effectifs, en raison des restrictions budgétaires. D’après la Fédération hospitalière de France, plus d'un quart des postes sont vacants dans 40% des établissements publics de psychiatrie, en raison notamment d'un manque d'attractivité de ces métiers.

Par ailleurs, l'an dernier, 7% des lits de psychiatrie ont fermé, alors que le nombre de patients augmente. Les malades arrivent en masse aux urgences : chaque année en Île-de-France, il y a environ 100.000 passages aux urgences pour problèmes psychiatriques. Pour les plus jeunes, notamment les mineurs, les places dans des établissements spécialisés sont insuffisantes. Et dans la médecine de ville, il faut trouver des médecins et avoir les moyens de consulter.

Quelle réponse de l'exécutif jusqu'ici ?

Mais le principal obstacle à la consultation reste son prix pour la moitié des jeunes adultes et pour 40% des adultes. Face à cette situation préoccupante, Emmanuel Macron a promis un "conseil national de refondation de la santé mentale". Mais celui-ci n'a pas pu se mettre en place en raison des élections de juin dernier.

Les hôpitaux, exsangues, demandent une augmentation de 6% de leur enveloppe pour le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale. "Il y a eu tellement de retard, tellement d'économies qui ont été faites sur la santé mentale, qu'il serait temps de corriger un tant soit peu", juge Antoine Pelissolo, psychiatre dans le Val-de-Marne et secrétaire national du Parti socialiste, lundi sur franceinfo. "On ne peut pas soigner quelqu'un sans du personnel pour l'accompagner, sans lieu de vie ou d'hôpital", ajoute-t-il.

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