Les hospitalisations pour tentative de suicide et automutilation en forte hausse chez les adolescentes et les jeunes femmes

L'étude vient confirmer les observations de terrain des personnels soignants qui alertaient ces dernières années sur une dégradation de leur santé mentale.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La question de la santé mentale, jusqu'ici tabou, est abordée plus largement depuis la crise du Covid-19. (FRÉDÉRIC CIROU / MAXPPP)

Les hospitalisations pour tentatives de suicide et automutilations sont en forte hausse ces 15 dernières années chez les adolescentes et jeunes femmes, selon une étude menée par le ministère de la Santé et Santé publique France et publiée jeudi 16 mai. Cette hausse est très marquée depuis la fin de l'épidémie de Covid.

L'étude, qui s'appuie sur les données du système national de santé, vient confirmer les observations de terrain des personnels soignants qui alertaient ces dernières années sur une dégradation de la santé mentale des adolescents et particulièrement des adolescentes. Concrètement, les hospitalisations dans les services de médecine et chirurgie pour des tentatives de suicides (en majorité la prise d'un cocktail de médicaments) ou pour des automutilations (comme des scarifications et brûlures) sont particulièrement en hausse chez les jeunes filles âgées de 10 à 14 ans.

En effet, en 2021-2022, ces hospitalisations ont augmenté de 71% par rapport à la moyenne de la période 2010-2019, d'après l'étude. Cette hausse des hospitalisations est de 44% pour les 15-19 ans et de 21% chez les 20-24 ans. Les chiffres sont encore plus alarmants concernant les hospitalisations en psychiatrie puisque l'augmentation sur les mêmes périodes est de 246% chez les filles de 10-14 ans. Chez les 15-19 ans, les hospitalisations en psychiatrie augmentent de 163%. Chez les 20-24 ans, c'est 106%.

Tous les milieux sociaux concernés

Ces fortes augmentations concernent les jeunes filles et jeunes femmes partout en France, en ville comme à la campagne, selon l'étude, et dans les milieux favorisés comme dans les familles pauvres. Au total toutefois, les habitants des communes défavorisées et les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire restent "surreprésentés parmi les patients hospitalisés pour geste auto-infligé". Certains territoires sont par ailleurs davantage concernés, notamment plusieurs départements "dans les Hauts-de-France, la Bretagne et la Bourgogne Franche-Comté", qui ont des taux "bien supérieurs à la moyenne nationale".

Inversement, la bonne nouvelle, c'est que les hospitalisations pour tentative de suicide et automutilation ces 15 dernières années reculent chez les trentenaires, quadragénaires et quinquagénaires. Chez les garçons et jeunes hommes de 10 à 24 ans, on observe une "stabilité sur 16 ans des taux à des niveaux bien en deçà de ceux des jeunes filles". "Près de 85 000 personnes ont été hospitalisées au moins une fois en lien avec un geste auto-infligé en 2022, 64% d’entre elles sont des femmes. La moitié de ces personnes ont été hospitalisées en psychiatrie", précise l'étude.


Si vous avez besoin d'aide, si vous êtes inquiet ou si vous êtes confronté au suicide d'un membre de votre entourage, il existe des services d'écoute anonymes. La ligne Suicide écoute est joignable 24h/24 et 7j/7 au 01 45 39 40 00. D'autres informations sont également disponibles sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé.

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