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SOS Amitié : les jeunes de plus en plus touchés par la solitude, avec des appels des moins de 14 ans en augmentation de 40%

Les sujets d’avenir sont une source importante de mal-être, selon le baromètre de l'association, qui s'inquiètent d'une "évolution inquiétante".
Article rédigé par franceinfo - Marie-Astrid Guégan
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Une "répondante" de la ligne de détresse SOS Amitié (CHRISTOPHE LEHENAFF / PHOTONONSTOP)

Les très jeunes sont aussi touchés par la solitude, selon le dernier baromètre du mal-être en France de SOS Amitié publié vendredi 12 mai et que franceinfo a pu consulter. D'après cette étude "de 2020 à 2022, le nombre d’appelants de moins de 14 ans a en effet augmenté de 40%". Pour SOS Amitié, c'est une "évolution inquiétante ", car "les appelants sont de plus en jeunes".

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Constance, bénévole depuis trois ans dans une antenne de SOS Amitié à Paris, le confirme : e
lle répond de plus en plus aux appels de jeunes de moins de 14 ans. Pour "cette tranche d'âge en particulier, je dirais que les appels sont plus courts, plus denses. On va vite aborder les sujets de mal-être. Donc il y aura peut-être moins le côté parler de la pluie et du beau temps. On rentre directement dans le vif! Ça demande vraiment d'être très, très concentrés."

"Ils vont parler de situations de leur quotidien"

Une majorité de ces jeunes appelants évoque, notamment "la relation avec leurs parents". 20% de leurs appels évoquent, également "des idées suicidaires qui ne sont pas forcément accompagnés de conduites suicidaires comme la scarification ou l’anorexie", détaille le baromètre de SOS Amitié. Au bout du fil, "Ils vont parler de situations qui sont proches de leur quotidien. Donc c'est vrai que l'on a beaucoup de situations parents - enfants, de situations à l'école", glisse Constance. Certains évoquent également leur peur de l'avenir liée au réchauffement climatique et aux guerres.  

L'association rappelle par ailleurs que pendant la crise sanitaire du Covid-19, elle a "enregistré une hausse des appels concernant l’inceste, la maltraitance ou un sentiment de solitude. Les sujets d’avenir sont aussi une source importante de mal-être", chez les plus jeunes. 20% des appels des plus jeunes évoquent également "des idées suicidaires qui ne sont pas forcément accompagnées de conduites suicidaires comme la scarification ou l’anorexie". Dans ce genre de cas, les bénévoles peuvent aller au-delà de l'écoute. Pour Ghislaine de Saignes, présidente de SOS Amitié, cette situation ne doit pas rester sans réponse."On essaie de voir avec eux s'ils ont fait des démarches auprès de leur collège ou de leur lycée. On peut le diriger vers le 31 14", le numéro national de prévention du suicide qui réoriente vers des professionnels de santé.

Toujours beaucoup d'appels de détresse venus des adultes

D'après ce baromètre du mal-être en France, les appels à SOS Amitié sont de plus en plus liés "à la santé mentale, la dépression et au mal-être" et la majorité des appelants reste dans "la tranche d'âge de 45 à 64 ans". Il y a une majorité de femmes qui appellent, elles sont 60% à faire la démarche. Selon le baromètre, "les personnes entrant dans cette tranche d’âge se sentaient déjà seules avant le Covid. L’épidémie les a fait basculer dans les problèmes psychologiques, comme la dépression. Ainsi, le nombre de personnes évoquant des idées suicidaires a augmenté de 44% par rapport à 2021", selon le baromètre de SOS Amitié.

Depuis 2021, près de 100 bénévoles ont rejoint l'association, portant le nombre d’écoutants à plus de 1 800. Ce chiffre est néanmoins trop faible à l’égard du nombre d’appels reçus, qui a par ailleurs augmenté de 244 000 par rapport à l’année 2021. Sur 3 300 000 appels reçus en 2022, seulement 600 000 ont été décrochés, ce qui correspond à un taux d’appels pris de 18%.

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