Quelque 500 personnes ont rendu un dernier hommage, le 27 juillet à l'église Saint-Eustache, à David Servan-Schreiber
Le neuropsychiatre, qui luttait contre la rechute d'une tumeur au cerveau qui s'était déclarée en 1992, s'est éteint dimanche soir à Fécamp à l'âge de 50 ans.
David Servan-Schreiber avait connu la célébrité avec deux ouvrages traduits en 40 langues, "Guérir", publié en 2003, et "Anticancer", en 2007, vendus à plusieurs millions d'exemplaires.
Il y prônait l'utilisation de méthodes parallèles contre la dépression et le cancer. "Devant l'accumulation des risques d'une surmédicalisation que plus personne ne contrôle, il est temps que nous fassions entrer les méthodes de traitement naturelles dans notre culture médicale", écrivait-il en 2005.
Des centaines d'anonymes à la cérémonie
Ils étaient quelque 500 personnes, dont une foule d'anonymes, a venir rendre un dernier hommage au neuro-psychiatre à l'église Saint-Eustache, à Paris.
L'office religieux s'est déroulé en présence de la famille Servan-Schreiber et de personnalités dont Claude Greff, secrétaire d'Etat à la Famille, les anciens ministres Olivier Stirn et François Bayrou et les écrivains Régis Debray et Joël de Rosnay.
Le père Alain de la Morandais a rappelé "le courageux et brillant combat contre la maladie" du défunt. "Les 3 mousquetaires ont perdu leur d'Artagnan", a dit son oncle Jean-Louis Servan-Schreiber, la voix brisée, évoquant les frères de David (Franklin, Emile et Edouard) qui, au premier rang, entouraient leur mère Sabine, veuve de Jean-Jacques Servan-Schreiber.
Prenant à leur tour la parole, Jean-Marc Cosset, chef du département honoraire de radio-thérapie de l'Institut Curie, et le professeur Jonathan Cohen, directeur de l'institut de neuro-sciences de l'université américaine de Princeton, ont remercié David Servan-Schreiber "pour sa contribution exceptionnelle à la lutte contre le cancer en mettant en lumière une approche nouvelle alimentaire et psychologique, en plus des traitements classiques", estimant que ses livres "guideront pour toujours le public dans leurs combats les plus intimes".
A la fin de l'office, des centaines d'anonymes qui avaient pu assister à l'office, se sont signés ou ont salué le cercueil du médecin et écrivain. Le cercueil de David Servan-Schreiber a été longuement applaudi sur le parvis.
Il fut de tous les combats
Né le 21 avril 1961 à Neuilly, il entre à la faculté de médecine Necker-Enfants malades en 1978, et achève ses études à l'université Laval, au Québec, en 1984. En 1985, il devient chercheur à Pittsburgh (Etats-Unis), et crée en 1988 un laboratoire de neurosciences cognitives cliniques, qu'il codirigera jusqu'en 1997.
En 1991, il se rend au Kurdistan avec Médecins sans frontières, avant de participer à des missions au Guatemala, en Inde, au Tadjikistan et au Kosovo.
Professeur assistant de psychiatrie à la faculté de médecine de Pittsburgh en 1993, il y crée en 1998 un centre de médecine complémentaire. Il recevra en 2002 le prix du meilleur psychiatre de Pennsylvanie.
La même année, il crée et dirige en France l'Institut d'EMDR, une thérapie psychologique fondée sur les mouvements oculaires, utilisée dans le traitement des syndromes de stress post-traumatiques. Chargé de cours à la faculté de médecine de Lyon-I, il reste en parallèle professeur clinique de psychiatrie à la faculté de médecine de Pittsburgh.
"Guérir", paru en 2003, s'attaque à la dépression, au stress et à l'anxiété, qu'on peut combattre par des approches naturelles, "sans médicaments ni psychanalyse". "Anticancer : prévenir et lutter grâce à nos défenses naturelles" va plus loin, en s'attaquant à la maladie qui cause le plus de décès dans le monde entier. Publié après une première rechute d'un cancer dont les premières manifestations dataient de 1992, le livre souligne comment des méthodes non conventionnelles -exercice physique, méditation, lutte contre le stress, nutrition contrôlée-, peuvent renforcer les thérapies classiques, en augmentant le potentiel naturel d'autodéfense.
Même s'il a affirmé et réaffirmé que ces méthodes ne devaient venir qu'en renfort aux approches conventionnelles, des cancérologues lui ont reproché de proposer des règles "simplistes, sans preuve scientifique à la clé".
Après une grave rechute, David Servan -Schreiber avait publié en juin 2011 son dernier livre, "On peut se dire au revoir plusieurs fois", pour répondre à la question : "Si je suis rattrapé par la maladie alors que je pense, mange, bouge, respire et vis anticancer, alors que reste-t-il d''Anticancer' ?" Et il y affirmait : "Il n'y a pas de 'cure miracle' contre le cancer, pas de réussite à 100 %. On peut mettre tous les atouts dans son jeu, mais le jeu n'est jamais gagné d'avance".
"Je suis heureux", confiait-il, "d'avoir été porteur de valeurs auxquelles je reste extrêmement attaché", à savoir "la capacité vitale de reprendre le pouvoir sur soi-même".
David Servan-Schreiber était le fils de Sabine Becq de Fouquières et de Jean-Jacques Servan-Schreiber, fondateur de L'Express et auteur du "Défi américain" (1967), à ce jour le plus gros succès de librairie pour un essai politique.
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