Cet article date de plus de cinq ans.

Il prend trop de viagra... et perd en partie la vue

La revue médicale Java Ophtalmology a rapporté le cas étonnant d’un homme souffrant de troubles visuels depuis la prise d'une dose trop importante de Viagra.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Publié Mis à jour
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Le quinquagénaire a bu la totalité d’une bouteille de 30mL de sildénafil, soit 10 fois plus que la dose recommandée

Respecter les doses de médicaments, c’est important. Cet utilisateur fréquent de Viagra s’en souviendra. Il y a un peu plus de deux mois, le cinquantenaire a bu la totalité d’une bouteille de 30mL de sildénafil (Viagra), soit 10 fois plus que la dose recommandée. S'il lui était déjà arrivé de ressentir une photophobie transitoire (sensibilité accrue, voire intolérance à la lumière) après une prise de Viagra, à ce trouble s’est ajouté, cette fois, une cécité nocturne.

Ces deux symptômes n’ont duré que quelques jours, mais un autre bien plus préoccupant persiste. L’homme souffre d’un scotome annulaire central bilatéral. Globalement : il présente une lacune visuelle en forme de beignet, au centre de son champ de vision, et dans les deux yeux.

Des anomalies de la rétine

Après examen, de subtils changements épithéliaux de la rétine de ce patient ont été observés. Un électrorétinogramme, qui permet de diagnostiquer des anomalies de la rétine, a mis en évidence des dépressions en forme d'anneau. Ces modifications sont compatibles avec les défauts de champ de vision en forme de beignet que rapporte le patient.

L’étude mentionne que ces résultats sont cohérents avec plusieurs rapports antérieurs mettant en lien des doses excessives de sildénafil et une toxicité rétinienne. L’article évoque un cas similaire à l’hôpital d’Oxford, chez un homme ayant consommé 1 500 mg de sildénafil. La revue retinal cases, en octobre dernier, évoquait un patient, qui, lui aussi depuis une prise trop importante de Viagra, voit tout en rouge.

Le sildénafil, inhibiteur de phosphodiestérases

Si le sildénafil est indiqué dans les troubles de l’érection, c’est parce qu’il s’agit d’un inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5 (PDE 5). Après une stimulation sexuelle, pour permettre l’érection du pénis, du monoxyde d’azote est libéré. Celui-ci, par l’intermédiaire d’une enzyme, permet de faire augmenter la concentration de guanosine monophosphate cyclique (GMPc). Les muscles lisses du pénis se relâchent, permettant l’afflux de sang, et donc l’érection.

La PDE 5 dégrade la GMPc, et empêche donc l’érection. Mais lors de la prise de Viagra, puisque ce dernier inhibe la PDE5, la concentration de GMPc peut augmenter  : l’érection est bien favorisée, à condition qu’il y ait stimulation sexuelle. Tel est le mécanisme d’action du Viagra pour pallier aux troubles de l’érection. Sauf que selon l’étude, il a un autre effet moins désirable.

Le sildénafil inhibe aussi la phosphodiestérase de type 6 (PDE 6). Si cette inhibition est 10 fois moins forte que celle de la PDE 5, pris à haute dose, le sildénafil a bien un effet inhibiteur significatif sur la PDE 6. Or cette PDE 6 est très concentrée dans la rétine, où elle permet de réduire le taux de GMPc. Le taux de GMPc dans la rétine s’élève alors lors d’une prise excessive de Viagra, ce qui peut être néfaste pour la rétine. L’article rappelle que les souris chez lesquelles le gène de la PDE 6 est rendu inactif, sont un modèle d’étude bien connu pour la dégénérescence de la rétine. Si l’article est exact, un prise trop importante de Viagra pourrait bien s’avérer très dangereuse pour la vue. Attention donc à ne en pas abuser. 

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