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Un troisième cas de guérison du virus du sida après une greffe de moelle osseuse

Un patient en Allemagne a bénéficié d'une greffe de moelle osseuse portant un gêne qui combat le virus du sida. Cette découverte prouve qu'on peut guérir du VIH et cela donne des pistes aux chercheurs pour des traitements.
Article rédigé par Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Représentation du VIH, rétrovirus responsable du sida. (FPM / E+ VIA GETTY IMAGES)

C'est un cas qui intervient quarante ans après la découverte du virus responsable du sida, en 1983, et il a fait l'objet d'une publication dans Nature Medicine, lundi 20 février. Et c'est le troisième cas de guérison probable du VIH après une greffe de moelle osseuse, selon le décompte de l’Institut Pasteur qui participe à cette découverte aux côtés de l'hôpital universitaire de Düsseldorf, des universités de Hambourg, d'Utrecht et de l'Institut de recherche sur le sida IrsiCaixa..

Cette guérison a eu lieu en Allemagne. Ce patient de Düsseldorf avait une leucémie en plus de son VIH, il résistait à tous les traitements. Pour le soigner, ses médecins ont cherché un donneur de moelle osseuse très particulier et rarissime : quelqu'un portant une mutation génétique qui empêche naturellement le virus d'entrer dans les cellules, la mutation génétique CCR5 delta-32. Cette greffe a été un vrai succès contre la leucémie et contre le virus du sida. Quatre ans après cette greffe de moelle osseuse, cet individu n'a plus aucune trace de virus dans le corps.

Une greffe très risquée

C'est le troisième cas de guérison du VIH après une greffe de ce type, deux autres patients soignés de la même façon, deux Américains, ont guéri eux aussi. Leur cas fera bientôt l'objet d'une publication scentifique. Mais on ne pourra pas faire cette greffe à tous les malades pour les guérir. Cette greffe de moelle osseuse avec la mutation génétique "anti VIH" est beaucoup trop risquée, le taux de mortalité est élevé et les effets secondaires sont très lourds. Un chercheur de l'institut Pasteur membre du consortium international qui a fait cette découverte, explique que ce traitement est réservé à des personnes pour lesquelles il n'y plus d'autres solutions.

Asier Sàez-Cirion, directeur de recheche à l'Institut Pasteur, membre du consortium qui a fait cette découverte. (ANNE LAURE DAGNET / RADIOFRANCE / FRANCEINFO)

"Il est nécessaire de trouver un donneur compatible au niveau immunogénétique pour éviter le rejet de la greffe, explique Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur, et co-principal auteur de l’étude. De plus, étant donné que moins de 1% de la population générale porte cette mutation protectrice du VIH, il est très rare qu’un donneur de moelle compatible ait cette mutation. Au final, il s’agit d’une situation exceptionnelle quand tous ces facteurs coïncident pour que cette greffe soit un double succès de guérison, de la leucémie et du VIH."

Mais ce troisième cas de guérison montre le chemin pour vaincre le VIH : il faut d'abord vider l'organisme de ce réservoir de cellules infectées, ce que permet la greffe de moelle osseuse, puis renforcer les barrières de l'organisme, ce que réalise la fameuse mutation génétique du donneur.

La thérapie génique permettrait de guérir du VIH et pas seulement de continuer à vivre avec. L'idée est de modifier des molécules de l'organisme pour mimer cette mutation génétique qui protège naturellement du VIH. Il y a plusieurs techniques étudiées : soit on sort les cellules de l'organisme, on fait ce travail en laboratoire et on les réinjecte, ou alors on fait une simple piqûre avec à l'intérieur de quoi couper les gênes directement dans l'organisme. Dans les deux cas, le patient guérirait sans subir d'opération et sans avoir à prendre un traitement à vie.

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