Première mondiale : une greffe de foie d'une mère porteuse du VIH à son enfant séronégatif
Pour sauver un enfant séronégatif malade du foie, des médecins sud-africains n'avaient d'autre choix que de lui greffer une partie du foie de sa mère – infectée par le VIH mais sous trithérapie depuis suffisamment longtemps pour avoir une charge virale indétectable. L'équipe de l'université du Witwatersrand à Johannesburg a annoncé ce 4 octobre qu'un an après l'opération, l'enfant ne semblait pas présenter les signes d'une infection par le virus VIH.
"Dans les semaines qui ont suivi la greffe, nous pensions que l'enfant était séropositif", a expliqué le chirurgien, Jean Botha, dont les travaux sont publiés dans la revue AIDS. Toutefois, des tests récents laissent à penser que leur petit patient n'a finalement pas été infecté par le VIH.
Le traitement rétroviral qui prescrit au jeune patient "pourrait avoir empêché la contamination par le VIH. Nous ne le saurons de manière définitive qu'avec le temps", a ajouté le Dr Botha. La prudence autour d'une telle annonce est de mise : en effet, en 2014, une petite Américaine née séropositive, avait apparemment été guérie par un traitement intensif à base d'antirétroviraux, avant de voir le virus finalement réapparaître dans son organisme.
Seule une greffe du foie pouvait sauver l'enfant
L'enfant, qui attendait une greffe depuis six mois, était régulièrement hospitalisé pour des complications qui engageaient son pronostic vital. Faute de donneur compatible, sa mère a plusieurs fois offert un morceau de son foie. Sans charge virale détectable, cette femme n'est pas considérée comme à risque de transmettre le virus à un partenaire sexuel ; en revanche, dans le cas d'une greffe d'organe, la possibilité que des cellules réservoirs du virus puissent être transmises au receveur n'était pas à exclure.
"Sans greffe, l'enfant serait certainement décédé", a estimé l'université du Witwatersrand à Johannesburg, dont le centre médical a accueilli ce succès chirurgical.
Il est aujourd'hui sous traitement préventif anti-VIH
L'opération présentait "des risques de transmission du VIH pour le receveur" mais elle a été tentée en raison des "circonstances exceptionnelles" de la situation du jeune patient, a expliqué l'université dans un communiqué. Les médecins avaient donc décidé de partir du principe que l'enfant allait contracter la maladie. Il suit un traitement préventif anti-VIH.
Cette greffe, une "première mondiale" réalisée à partir d'un adulte séropositif dont la charge virale était indétectable (grâce à la poursuite d'une trithérapie), offre de nouvelles alternatives pour les demandeurs d'organes. Elle "présente un nouveau vivier de donneurs vivants qui pourraient permettre de sauver des vies", se sont réjouis les chercheurs.
avec AFP
Etude : J. Botha et al. "Living donor liver transplant from an HIV-positive mother to her HIV-negative child: opening up new therapeutic options", AIDS, 2018. doi: 10.1097/QAD.0000000000002000
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