Homéopathie : une "efficacité insuffisante" justifie son déremboursement, selon la HAS
Le couperet est tombé. Dans son avis rendu public le 28 juin 2019, la Haute Autorité de santé (HAS) a estimé que l’homéopathie ne devrait plus être remboursée par la Sécurité sociale car son "efficacité" est "insuffisante pour être proposée au remboursement". La conclusion de cette instance avait déjà fuité dans la presse le 26 juin, déclenchant alors la colère des homéopathes.
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Sortir de la culture du "tout médicament"
Le rôle de la HAS a ici été d’évaluer l’efficacité médicale des produits homéopathiques. Car "contrairement aux autres médicaments, les médicaments homéopathiques n'ont pas été évalués scientifiquement avant d'être inscrits au remboursement il y a plusieurs décennies", rappelle la HAS dans un communiqué.
Ainsi, au terme de neuf mois de travail pendant lesquels la HAS a passé au crible plus de 1.000 publications scientifiques concernant 1.200 médicaments homéopathiques, la commission de la transparence de cette instance a jugé que "ces médicaments n'ont pas démontré scientifiquement une efficacité suffisante pour justifier d'un remboursement", que ce soit par absence de preuve de l’efficacité, absence de nécessité de recourir à un médicament ou encore absence d’étude robuste.
Pire, la HAS craint que le recours à l’homéopathie puisse "retarder la prescription des soins nécessaires à la prise en charge des patients, en particulier pour les maladies graves et évolutives", entraînant ainsi une perte de chance pour les patients. L’instance souligne enfin qu’une prescription médicamenteuse n’est pas toujours nécessaire : "L'objectif est de sortir de la culture du 'tout médicament' et de savoir recourir aux approches préventives ou thérapeutiques non médicamenteuses, comme l'activité physique, qui ont une efficacité prouvée sur la santé" appuie la HAS dans son communiqué.
Décision ministérielle
Prochaine étape : la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, devra prendre en compte l’avis de la HAS pour rendre son verdict et faire appliquer ou non un déremboursement de l’homéopathie. La ministre a déjà affirmé à plusieurs reprises qu'elle suivrait l'avis de la HAS mais il faudra encore attendre pour connaître sa décision finale : "Aujourd'hui mon urgence est de gérer la canicule et son impact, je pense que la décision peut attendre encore quelques jours", avait-elle déclaré le 27 juin sur France 2, avant que l'avis lui soit officiellement communiqué. "Les décisions sur le déremboursement des médicaments peuvent se prendre quelques jours ou quelques semaines après l'avis de la Haute Autorité de santé", avait-elle poursuivi. "Je rappelle que pour les médicaments anti-Alzheimer (déremboursés en août 2018, ndlr) la décision a été prise pratiquement un an après l'avis" de la HAS, avait également souligné la ministre.
126,8 millions d’euros remboursés en 2018
Pour tenter d'éviter le déremboursement des produits homéopathiques, les laboratoires fabricants (Boiron, Lehning et Weleda), les homéopathes et les usagers pro-homéopathie ont lancé une campagne et une pétition "Mon homéo, mon choix" qui revendique plus d'un million de signatures. L’avis défavorable de la HAS au remboursement des médicaments homéopathiques "ne tient pas compte de la spécificité des médicaments homéopathiques", a déploré le laboratoire Boiron après l’annonce officielle de la HAS.
Actuellement, la plupart des produits homéopathiques sont toujours remboursés à 30% par la Sécurité sociale à la faveur d'un régime dérogatoire, leur efficacité n'ayant pas été évaluée scientifiquement jusqu'à présent. En 2018, le remboursement de l'homéopathie a représenté 126,8 millions d'euros sur un total d'environ 20 milliards pour l'ensemble des médicaments remboursés. Selon le groupe Boiron, qui a demandé une suspension de son cours de Bourse, le déremboursement de l'homéopathie menacerait 1.300 emplois sur ses 2.500 en France.
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