Hôpital de MSF bombardé : un crime de guerre ?
"Au moins 16 personnes, dont neuf employés de MSF et sept patients, parmi lesquels trois enfants, ont été tués", a déclaré Kate Stegeman, selon laquelle 37 personnes ont également été blessées au cours de ce raid.
MSF a exigé "que toute la lumière soit faite rapidement" sur cette attaque dans laquelle au moins neuf de ses employés ont été tués et qui pourrait être due à un raid américain.
Des déclarations ambigües des Etats-Unis
Le président américain Barack Obama a rapidement présenté ses "plus profondes condoléances", mais il a dit attendre les résultats d'une enquête de l’armée "avant de porter un jugement définitif sur les circonstances de cette tragédie". Selon un responsable étasunien, cette enquête va porter sur le rôle joué par un avion américain AC-130, un appareil dérivé de l'avion de transport C-130 équipé de plusieurs canons pour mener des opérations d'appui au sol.
Le secrétaire à la Défense américain Ashton Carter a rapidement qualifié la situation de "confuse et compliquée".
Les déclarations afghanes démontrent l'intention de détruire ce site
Le 4 octobre, des responsables afghans ont justifié les attaques, déclarant que combattants talibans se trouvaient dans l'établissement et s'en servaient comme base.
Le directeur général de MSF Christopher Stokes a formellement démenti ces allégations, insistant sur le fait que "ces déclarations impliquent que les forces afghanes et américaines aient décidé ensemble de raser un hôpital entièrement fonctionnel. [...] Cela équivaut à reconnaître qu'il s'agit d'un crime de guerre", a déclaré M. Stokes. "Cela contredit totalement les premières tentatives du gouvernement américain de minimiser les conséquences des attaques comme n'étant qu'un « dommage collatéral »".
MSF réclame une enquête indépendante
MSF a réclamé qu'une enquête "exhaustive et transparente" soit confiée à un "organisme international indépendant", qualifiant d'"insuffisante" l'enquête étasunienne annoncée par le président Barack Obama.
L'ONG affirme avoir transmis préventivement les coordonnées GPS de son hôpital aux armées afghane et américaine. Or les bombardements se sont poursuivis "pendant plus de 45 minutes" après que l'ONG a averti les armées afghane et américaine que son établissement avait été touché par de premiers tirs.
"Les impacts étaient très ciblés, toujours sur le même bâtiment. L'avion est parti, puis il est revenu pour redonner suite à une série d'impacts, exactement sur le même bâtiment", a expliqué à l'AFP le Dr Bart Janssens, directeur des opérations de MSF.
L'hôpital hors d'état de fonctionner
La fermeture du centre de soins de Kondôz est un coup terrible pour la population civile prise dans les combats entre l'armée afghane et les rebelles talibans pour le contrôle de cette ville du nord afghan. C'est le seul établissement de la région capable de soigner les blessures de guerre les plus graves.
"L'hôpital de MSF n'est plus en état de fonctionner. Les patients qui se trouvent dans un état critique ont été transférés vers d'autres établissements médicaux. Plus aucun employé de MSF ne travaille dans l'hôpital", a déclaré à l'AFP Kate Stegeman, porte-parole de l'ONG en Afghanistan.
"A l'heure actuelle, je ne peux pas vous dire si le centre de traumatologie de Kondôz rouvrira ou pas", a-t-elle ajouté.
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