Migrants : "Comment soigner les gens si on ne les met pas à l'abri ?"
Les associations reprochent à l’État de laisser ces personnes à l’abandon, notamment au nord de la capitale. Faute d’hébergements suffisants, des migrants se retrouvent dans des campements ou à la rue, ce qui représente un vrai risque pour leur santé. Dr Patrick Bouffard, médecin bénévole chez Médecins du Monde, a répondu aux questions du Magazine de la santé.
- Est-ce que vous pouvez nous décrire la situation dans laquelle se trouvent certains migrants aujourd’hui ?
Dr Patrick Bouffard, Médecins du Monde : "Je voudrais lancer un cri d’alarme. À Médecins du monde nous intervenons depuis 2014 sur les phénomènes « d’encampements » dans différents endroits de Paris. La situation devient déplorable : on voit des personnes vulnérables et en grande précarité se retrouver à la rue. Dans leur situation, en plus des parcours migratoires qu’elles sont en train de traverser, elles ne peuvent pas envisager une vie durable."
- Est-ce que cette vie dans la rue peut entraîner des problèmes de santé ?
Dr Patrick Bouffard : " Effectivement le confinement à la rue pose de multiples problèmes : dermatologiques, digestifs, ostéo-articulaires… et de plus en plus de problèmes dentaires. En tant que soignant, je voudrais aussi alerter sur la santé mentale de ces personnes. Après avoir traversé un long parcours d’exil, se retrouver sans perspectives et scotché sur les trottoirs peut entraîner des pathologies lourdes… Comme des psychotraumatismes, des états anxieux chroniques… Nous sommes face à des gens qui sont dans de véritables états de souffrance. Ces pathologies ne sont pas toujours faciles à diagnostiquer, et encore moins faciles à soigner, comme les personnes sont dans la rue… elles échappent des radars sociaux et des radars du soin. "
- Actuellement comment l’état agit pour ces personnes ?
Dr Patrick Bouffard : " Actuellement les réseaux et collectifs citoyens ont un rôle très important dans la prise en charge sanitaire des migrants. Mais ce serait une grave erreur que les collectifs et les associations se substituent à la force publique. Les migrants rencontrent des problèmes qu’il faut prendre à bras le corps. Et comment soigner dignement les gens si on ne les met pas à l’abri ? La première chose à faire est donc d’héberger ces migrants. Une fois logés, nous pourrions les accompagner vers une vie digne. "
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