Maria Sharapova accusée de dopage
La reine du sport-business, Maria Sharapova, se trouve plongée dans une affaire de dopage, après son contrôle positif au meldonium révélé le 7 mars, qui risque de réduire en miettes la stratégie marketing de la sportive la plus riche du monde.
Ces sponsors n'ont pas tardé à tourner casaque. Dès le lendemain de la confession de la joueuse russe, qui a avoué prendre "depuis dix ans" ce médicament placé le 1er janvier 2016 sur la liste des produits interdits, l'équipementier Nike puis le constructeur d'automobiles Porsche ont suspendu leurs relations avec elle. L'horloger suisse Tag Heuer a annoncé qu'il ne renouvellerait pas le contrat de sponsoring de l'ex-N.1 mondiale.
La championne, âgée de 28 ans, est la sportive qui a gagné le plus d'argent en 2015, près de 30 millions de dollars, dont plus des trois-quarts en revenus publicitaires, selon le magazine américain Forbes. Sa fortune est estimée à 200 millions de dollars.
Lundi, lors d'une conférence de presse à Los Angeles, la championne aux cinq titres du Grand Chelem a révélé que la Fédération internationale de tennis (ITF) lui avait notifié le 2 mars un contrôle positif effectué le 26 janvier à Melbourne, pendant l'Open d'Australie.
Contestation de toute volonté de dopage
"Depuis dix ans, je prends un médicament sur prescription de mon médecin de famille (...), ce médicament n'était pas sur la liste des produits prohibés par l'Agence mondiale antidopage, mais le règlement a changé le 1er janvier dernier et ce médicament est devenu un produit prohibé, ce que je ne savais pas", a-t-elle poursuivi, assumant la "pleine responsabilité" d'une "énorme erreur". "J'ai reçu un mail de l'Agence mondiale antidopage fin décembre et je n'ai pas contrôlé la liste pour voir si ce médicament figurait maintenant sur la liste des produits prohibés", a-t-elle admis.
L'ITF a suspendu provisoirement Sharapova le temps de la procédure. Un jury indépendant, formé d'un juriste et de deux scientifiques, va être constitué. Il réunira les pièces du dossier et entendra les arguments de la joueuse lors d'une audition avant de prononcer une éventuelle sanction. Sharapova, mais aussi l'Agence mondiale antidopage (AMA), auront la possibilité de faire appel de la décision.
Dans les deux derniers cas de dopage importants traités par l'ITF, ceux du Croate Marin Cilic et du Serbe Viktor Troicki, il s'était passé environ quatre mois entre la date du contrôle positif et l'annonce de la sanction. Même si elle était finalement blanchie, Sharapova devrait donc manquer toute la saison sur terre battue et sa participation à Roland-Garros paraît compromise.
Les propos tenus lors de sa conférence de presse donnent déjà une idée de sa ligne de défense: elle admet avoir pris le produit incriminé mais conteste toute volonté de dopage. Selon son avocat John Haggerty, Sharapova pourrait être suspendue jusqu'à quatre années, mais cette suspension pourrait, selon lui, être limitée à deux ans, voire à quelques mois, si le jury reconnaît la bonne foi de sa cliente.
Le meldonium, un médicament de l'ère soviétique
"Je sais que je m'expose à des conséquences, mais je ne veux pas finir ma carrière de cette façon. J'espère que je vais avoir la chance de rejouer", a dit la championne, qui avait quitté la Russie, enfant, pour l'académie de tennis de Nick Bollettieri en Floride.
A cause d'une blessure au bras, Sharapova n'a plus joué depuis sa défaite en quarts de finale de l'Open d'Australie contre l'Américaine Serena Williams, la grande rivale qu'elle n'a plus battue depuis douze ans.
Le médicament en question, le meldonium ou mildronate, lui est prescrit depuis 2006 pour "traiter des problèmes de santé récurrents, un déficit en magnésium, une arythmie cardiaque et des cas de diabète dans (sa) famille", a-t-elle dit. Principalement utilisé dans la prévention des infarctus, il est classé parmi les hormones et modulateurs métaboliques (groupe S4) depuis le 1er janvier 2016.
Interrogé par "Le Magazine de la santé", Jean-François Bergmann a expliqué que le meldonium "est un produit qui n'est pas commercialisé en France, qui n'a pas l'autorisation de mise sur le marché dans l'Union européenne, largement connu des fédérations sportives des pays de l'Est. L'explication qu'elle donne est assez misérable, on sait très bien que ce médicament est pris par les sportifs.
Mis au point dans les années 1970 dans l'ex-URSS, le meldonium agite depuis plusieurs semaines les autorités antidopage : la Suédoise Abeba Aregawi, championne du monde 2013 du 1500 m (athlétisme), la Russe Ekaterina Bobrova (patinage artistique), la biathlète ukrainienne Olga Abramova et le coureur de la formation cycliste russe Katusha Edouard Vorganov ont tous été contrôlé positifs à cette substance.
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