Suisse : des scientifiques réussissent à communiquer avec des patients totalement paralysés
Les patients sont tous atteints de la maladie de Charcot, qui paralyse peu à peu tous les muscles, y compris ceux de la parole. La communication a pu être établie grâce à une interface ordinateur-cerveau.
Des scientifiques d'un centre de recherche suisse ont réussi à communiquer pour la première fois avec des patients totalement paralysés, et découvert qu'ils pouvaient être... heureux.
Les quatre patients avec lesquels une communication a pu être établie grâce à une interface ordinateur-cerveau sont tous atteints de la maladie de Charcot, ou sclérose latérale amyotrophique. Le physicien britannique Stephen Hawking en est atteint depuis l'âge de 21 ans.
Cette maladie neuro-dégénérative les empêche de faire le moindre mouvement. Un état connu comme le "locked-in-syndrom complet", parce qu'ils sont totalement prisonniers de leur corps et ne respirent que grâce à une machine. Ils ne peuvent même plus cligner de l'œil, une méthode de communication rendue célèbre dans le best-seller Le Scaphandre et le Papillon de Jean-Dominique Bauby.
Une expérience menée sur quatre patients
Les scientifiques, qui ont publié cette étude dans la revue scientifique américaine PLOS Biology (en anglais), ont mesuré les niveaux d'oxygène dans le cerveau grâce à une méthode non-invasive.
Cette méthode leur a permis de savoir si les patients répondaient "oui" ou "non" à une série de questions. Les chercheurs ont déterminé qu'ils avaient répondu correctement sept fois sur dix.
Les questions allaient de choses banales, comme "Le prénom de votre mari est-il Joachim ?" ou encore "Berlin est-elle la capitale de la France ?", à des sujets plus intimes et émotionnels. Ainsi, les chercheurs ont demandé à l'un des patients si sa fille devait épouser son petit ami et il a répondu "non" à neuf reprises.
"J'aime la vie"
Trois des quatre patients ont été interrogés sur leur qualité de vie. Et, étonnamment, ils ont répondu "oui" sur une période de plusieurs semaines à des phrases comme "j'aime la vie" et "je suis rarement triste".
"Au début, nous avons été surpris par ces réponses", raconte un auteur de l'étude, Niels Birbaumer, professeur au Wyss Center à Genève. "Ces résultats bousculent complètement ma propre théorie selon laquelle les gens souffrant de 'locked-in-syndrom' sont incapables de communiquer", a reconnu le professeur Birbaumer.
Mesurer l'oxygénation et l'activité du cerveau
La technologie utilisée par les chercheurs associe la spectroscopie dans les longueurs d'ondes proches de l'infrarouge (une technique éprouvée de longue date) à un électroencéphalogramme pour mesurer l'oxygénation et l'activité électrique du cerveau.
C'est la seule approche qui ait permis jusqu'à présent de communiquer avec des personnes atteintes de "locked-in-syndrom complet". Reste maintenant à étendre l'expérience à un plus grand nombre de patients.
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