Rougeole : "On a vraiment besoin de rassurer la population sur l'intérêt et la sécurité des vaccins"
Odile Launay, infectiologue à l’Hôpital Cochin de Paris, réagit jeudi sur franceinfo aux inquiétudes de l'Organisation mondiale de la santé sur l'augmentation du nombre de cas de rougeole en Europe.
"On a vraiment besoin de rassurer la population vis-à-vis de l'intérêt et de la sécurité des vaccins", déclare, jeudi 29 août sur franceinfo, Odile Launay, infectiologue à l’Hôpital Cochin de Paris. Dans un communiqué publié mardi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'inquiète de l'augmentation du nombre de cas de rougeole en Europe.
franceinfo : En France la vaccination contre la rougeole est obligatoire pour tous les enfants. Comment se fait-il qu'il y ait encore eu 2 400 cas de rougeole recensés depuis le début de l'année, dont deux morts ?
Odile Launay : La vaccination a été rendue obligatoire pour les enfants qui sont nés depuis le 1er janvier 2018, donc ce sont des enfants qui sont encore jeunes, avec une vaccination qui se fait à l'âge de un an, et un rappel entre 16 et 18 mois. La difficulté aujourd'hui c'est de pouvoir vacciner les enfants nés avant le 1er janvier 2018 et surtout les jeunes adultes. Dans cette population, la couverture vaccinale - la proportion des personnes vaccinées - est très insuffisante. Dans ces populations, plus de 80% sont des gens qui ne sont pas vaccinés ou qui n'ont eu qu'une dose de vaccin. Donc la recommandation est d'être très vigilant, de pouvoir regarder son carnet de santé, de vérifier qu'on a été vacciné par deux doses, et si ce n'est pas le cas, d'aller voir son médecin traitant et de se faire vacciner. Cette maladie est transmissible uniquement d'homme à homme, donc si la vaccination est suffisamment utilisée - il faut 95% de la population vaccinée - on doit pouvoir réussir à éliminer cette maladie.
Quel est aujourd'hui le pourcentage de la population vaccinée contre la rougeole ?
Ça dépend des tranches de la population mais on est bien en-dessous de 95% et on a des populations qu'on ne pourra pas vacciner, chez qui le vaccin ne peut pas être utilisé. Ce sont les personnes immunodéprimées, et les deux décès qui ont été enregistrés en France sont survenus chez des personnes adultes avec une immunodépression. Il y a également les tout jeunes enfants qui eux ne peuvent pas être vaccinés. La seule façon de pouvoir protéger ces enfants, c'est vraiment d'augmenter notre couverture vaccinale.
La rougeole a disparu en Autriche, en Suisse et en Espagne entre autres. Qu'ont-ils fait de mieux que nous ?
Une étude réalisée récemment au niveau international montre que l'Europe est la région du monde qui a le plus de doutes vis-à-vis de la sécurité des vaccins. Et parmi ces pays européens, la France arrive en première place, avec le tiers de la population interrogée qui exprime des doutes. Aujourd'hui on a vraiment besoin de rassurer la population vis-à-vis de l'intérêt et de la sécurité des vaccins, la population générale et également les professionnels de santé. Notre ministre de la Santé a beaucoup agi pour cela, en particulier avec l'obligation vaccinale qui est un engagement fort de notre politique de santé et puis en augmentant la formation et la communication autour de la vaccination.
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