35 ans après la loi Veil, l'IVG et la contraception encore difficiles d'accès
"Situation paradoxale" que celle de la France, relève le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales. Le pays cumule un taux
de natalité très élevé, un taux de diffusion de la contraception "parmi les plus
élevés au monde" et un taux d'IVG qui "reste à un niveau relativement
important".
_ L'Igas pourtant souligne quelques progrès, depuis la loi de 2001 qui autorise l'avortement jusqu'à 12 semaines de grossesse (ou 14 semaines d'aménorrhée). Mais ces avancées demeurent "fragiles"...
Trop de centres IVG qui ferment
729 centres en 2000. 639 en 2006. Certaines femmes ne parviennent donc pas à trouver une place à temps. Le rapport relève des "goulots d'étranglement dans certaines zones de fortes demandes", notamment les grandes villes.
Ce qui a pour conséquence, en outre, de réduire le choix des méthodes d'avortement. L'Igas regrette le recours trop fréquent à l'IVG médicamenteuse, au détriment de l'IVG chirurgicale. Certains centres, enfin, refusent tout bonnement de prendre en charge les IVG tardives.
Selon le planning familial, "la loi n'est pas respectée". Ces centres ferment pour cause de restructuration hospitalière ou manque de personnel. Le planning, qui réclame aussi une revalorisation de l'acte. 300 euros à l'hôpital, 62 au médecin. "La motivation, dans ces conditions, n'est que militante !"
_ Roselyne Bachelot devrait cependant augmenter de 10% la rémunération pour les établissements pratiquant l'IVG.
Des pratiques contraceptives inadaptées
200.000 IVG, ce sont aussi 200.000 ratés de contraceptions. Question d'accès, question d'inadaptation aussi "des méthodes et des pratiques contraceptives", selon l'Igas : 72% des IVG sont réalisées sur des femmes qui étaient sous contraception.
Selon le rapport, il faudrait tenir davantage compte de l'évolution des relations de couple, au moment de la prescription. Et passer, dans certains cas, de la pilule à des "méthodes moins sujettes aux problèmes d'observance", comme le stérilet.
Éducation sexuelle : Bachelot annonce le paquet
Car ce sont vers les jeunes que l'Igas préconise d'axer la prévention. Des jeunes à qui la loi garantit un accès autonome à la contraception, et pourtant souligne le rapport, "ce droit leur est dénié dans les faits". Les ados doivent présenter la carte vitale de leurs parents pour se faire rembourser ! Le "recours à la pilule du lendemain" aussi est encore trop faible. Et le coût de la contraception trop élevé, allant jusqu'à 175 euros annuels pour un timbre contraceptif hebdomadaire.
Surtout, l'Igas pointe que l'Éducation nationale ne joue pas suffisamment son rôle en matière d'éducation sexuelle, ce qui constitue pourtant une obligation légale depuis 2001. La loi de 2001 impose en effet "une information et une éducation à la sexualité dans les écoles (avant le collège), à raison d’au moins trois séances annuelles. ”
Réaction immédiate de la ministre de la Santé, dans le Parisien-Aujourd'hui en France, où elle annonce son intention de "mettre le paquet sur l'information en matière d'éducation sexuelle à l'école ". Dans la matinée, elle a affirmé également vouloir "renforcer" les centres de planification et mettre en place "un accès gratuit et anonyme à la contraception pour les mineures" via des consultations auprès de médecins volontaires.
Les associations féministes restent sur leur faim. La présidente du Mouvement du planning familial, Carine Favier, regrette l'absence "d'annonces fortes sur le remboursement" des contraceptifs. Pour Chantal Birman, cadre de l'Association nationale des centres d'interruption de grossesse et de contraception (Ancic), "il faut autoriser les sages-femmes à faire des IVG, y compris par aspiration". Cette sage-femme s'inquiète : "toute une génération de médecins militants des droits des femmes vont bientôt partir à la retraite". Et après ?
Cécile Quéguiner avec agences
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