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Galileo : pourquoi la réussite du lancement des satellites est décisive

Une fusée Soyouz doit placer deux nouveaux satellites en orbite, vendredi 27 mars, dans le cadre du projet européen Galileo, destiné à concurrencer le GPS américain. 

Article rédigé par Tatiana Lissitzky
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La fusée russe Soyouz lors du lancement des deux premiers satellites de Galileo, le 21 octobre 2011, à Kourou, en Guyane.  ( BENOIT TESSIER / REUTERS )

Ils vont enfin rejoindre leur orbite. Une fusée Soyouz doit décoller dans la soirée du vendredi 27 mars, de Kourou, en Guyane, avec à son bord deux satellites du GPS européen Galileo. But de la mission : placer les deux satellites sur une orbite circulaire à 23 552 kilomètres d'altitude. 

A terme, la constellation de radionavigation comprendra 30 satellites. Vingt doivent être lancés d'ici 2017, et six satellites s'y ajouteront d'ici 2020. Après l'échec, en août dernier, du lancement des deux précédents satellites, la mise en orbite de vendredi est particulièrement surveillée. Francetv info vous explique pourquoi le projet Galileo ne peut pas se permettre un nouveau fiasco. 

Parce que le projet a déjà subi de nombreux revers

Galileo, lancé en 1999, accumule aujourd'hui plus de six ans de retard. Développé par l'Europe pour concurrencer le système américain GPS (Global Positioning System), le projet s'embourbe dès les premières années dans des désaccords entre les pays de l'Union européenne. Le partenariat public-privé qui devait financer le projet est abandonné et les membres de l'UE se mettent d'accord pour le financer à 100%. Ces tractations font perdre de précieuses années au projet, qui ne démarre réellement que lorsque sa réalisation est confiée à l'Agence spatiale européenne (ESA) en 2007. En 2010, la société allemande OHB est choisie pour fabriquer les satellites de la constellation, mais elle ne respecte pas les délais et le projet prend encore un an de retard. 

Nouveau revers : le 22 août 2014, deux satellites sont placés sur une mauvaise orbite. Au lieu d'être envoyés sur une orbite circulaire à plus de 22 000 km d'altitude, ils se retrouvent sur une orbite elliptique (ovale) très basse, à 17 000 km. Les satellites sont finalement repositionnés sur une nouvelle orbite, qui n'est pas celle initialement prévue, souligne Sciences et Avenir. Le lancement des deux autres satellites prévu pour décembre 2014 est alors repoussé à mars 2015.  

Parce qu'il y a beaucoup d'argent en jeu

Avec les différents retards accumulés, les coûts se sont alourdis pour la Commission européenne, qui finance Galileo. Le budget initial de 3,4 milliards d'euros en 2008 a été revu plusieurs fois à la hausse. Le programme a déjà coûté environ 5 milliards d'euros et, pour la période 2014-2020, l'Europe a prévu de dépenser 7 milliards d'euros. Selon L'Express (article payant), chaque satellite Galileo a un coût de revient de près de 40 millions d'euros et un lancement par la fusée russe Soyouz est facturé autour de 65 à 70 millions à l'Union européenne. 

Depuis août 2014, l'opération de réparation des deux satellites qui se sont retrouvés sur la mauvaise orbite a coûté plusieurs millions d'euros. La Commission européenne n'a par ailleurs pas encore donné son feu vert à leur utilisation, qui exige de nouvelles dépenses d'adaptation des équipements au sol pour prendre en compte la nouvelle orbite sur laquelle ils se trouvent.

Parce que Galileo doit être opérationnel en 2020

Les Européens ont voulu disposer de leur propre technologie, indépendante du système militaire américain GPS. Ils ont aussi souhaité un système plus performant et plus précis. Galileo opère donc à une plus haute altitude que le GPS, ce qui améliore le signal pour les utilisateurs au sol. Les satellites de la constellation sont aussi dotés, d'après l'ESA (en anglais), des meilleures horloges atomiques jamais utilisées dans la navigation satellitaire. Mais tout nouveau contretemps fait perdre de l'avance à Galileo sur son concurrent américain, qui lance lui aussi de nouveaux satellites encore plus performants. 

Si tout se passe comme prévu et que les satellites sont déployés avec succès, Galileo comptera en tout huit satellites dans l'espace. Le service complet est attendu pour 2020.

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