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Mission Dart : orbite à surveiller, nouvelles photos, seconde mission… Après l'impact réussi sur l'astéroïde, que va-t-il se passer ?

Les scientifiques sont certains d'avoir percuté le petit corps céleste Dimorphos dans la nuit de lundi à mardi. De nouvelles images et des mesures sont attendues pour certifier et quantifier la déviation de ce corps céleste : le principal objectif de la mission.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Capture d'écran de la chaîne YouTube de la Nasa montrant les équipes de la mission Dart en train de suivre, en direct, le vaisseau qui a percuté l'astéroïde Dimorphos, à 11 millions de kilomètres de la Terre, le 26 septembre 2022. (NASA)

"IMPACT SUCCESS !" C'est avec ces deux mots que la Nasa a annoncé qu'un vaisseau avait frappé avec succès un petit astéroïde à quelque 11 millions de kilomètres de la Terre, dans la nuit du lundi 26 au mardi 27 septembre. L'objectif était de dévier la trajectoire de ce corps céleste, nommé Dimorphos. Cet événement est une première dans l'histoire de l'humanité : il s'agit du premier test de défense planétaire. C'est la première étape de la mise en place d'un dispositif permettant de protéger la Terre au cas où un objet céleste venait à la menacer. Alors que la réalité de l'impact ne fait aucun doute, franceinfo résume les événements à venir.

On attend de vérifier si l'orbite de l'astéroïde est bien déviée

L'astéroïde Dimorphos, 160 m de diamètre, est la lune d'un astéroïde plus grand : Didymos, qui fait 780 m de diamètre. A l'origine, Dimorphos fait le tour de Didymos en 11 heures et 55 minutes. Avec le choc, les scientifiques espèrent modifier cette orbite d'environ 1%. Pour l'instant, ils sont certains d'avoir heurté la cible.

L'observatoire terrestre Atlas a, lui aussi, enregistré l'impact et le nuage de débris.

Si Dimorphos a bien été touché, l'objectif de déviation a-t-il été atteint ? "Nous le saurons dans quelques semaines", a affirmé sur franceinfo Patrick Michel, membre de l'équipe de la mission Dart et directeur de recherche au CNRS à l'Observatoire de la Côte d'Azur. Lui se montre confiant : "Vu les données que nous avons, nous nous disons que nous avons fait fort. Nous attendons les résultats avec impatience." "Je serais surpris si nous avions une mesure ferme du changement [d'orbite] en moins de quelques jours, et surpris si cela prenait plus de trois semaines", a déclaré de son côté Tom Statler, chef scientifique de la mission.

D'autres images du choc vont nous parvenir

L'impact, survenu à environ 20 000 km/h, a été retransmis en direct par l'agence spatiale américaine. Les images, prises à la cadence d'une par seconde, étaient réalisées par la caméra Draco, embarquée à bord du vaisseau kamikaze. Un module, appelé LICIACube, avait été, lui aussi, emmené. Relâché quelques jours avant le choc, il s'est positionné à proximité pour immortaliser la scène. Trois minutes après l'événement, il est passé à environ 55 km de l'astéroïde pour capturer des images des éjectas. Mais il va falloir être patient pour les analyser. "Parce que LICIACube ne transporte pas une grande antenne, les images seront téléchargées sur Terre une par une dans les prochaines semaines", explique le laboratoire de physique appliquée de l'université Johns-Hopkins (en anglais).

D'autres images sont attendues. Les télescopes spatiaux Hubble et James Webb ont scruté l'événement afin d'évaluer la quantité de matière éjectée. C'est d'ailleurs la première fois que les deux engins observaient le même objet au même moment, relève la Nasa (en anglais).

La surface de l'astéroïde va être analysée

La déviation de l'astéroïde n'est pas le seul point d'intérêt des scientifiques. L'allure, la surface et la composition de Dimorphos aiguisent aussi leur curiosité. "Les astéroïdes sont les briques qui ont formé notre système solaire", avait rappelé à franceinfo Eric Lagadec, astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur, lors du lancement de la mission. "Dès que nous pouvons les approcher et mieux les observer, nous en apprenons davantage sur sa formation et son évolution."

Certains ont partagé et commenté les dernières images transmises par le vaisseau, dévoilant la surface de Dimorphos. "J'ai hâte de découvrir les images non compressées", s'est enthousiasmé le planétologue Thomas Appéré sur Twitter.

Les images de surfaces d'astéroïdes sont rares. Après avoir voyagé sur la sonde japonaise Hayabusa2, le petit robot franco-allemand Mascot s'est posé sur l'astéroïde Ryugu, qui se situe entre Mars et la Terre, en octobre 2018. Il avait transmis des photos dévoilant un paysage similaire à celui montré par la caméra Draco. Les premiers échantillons prélevés, rapportés sur Terre en décembre 2020, ont commencé à révéler leurs secrets, rapportait France 3 Grand-Est, en juin.

Les photos prises par le robot Mascot à la surface de l'astéroïde Ryugu en octobre 2018 ont analysées pendant plusieurs mois par les scientifiques. (AFP PHOTO / Jaumann et. al., Science 2019)

La sonde Osiris-Rex, qui s'est posée sur l'astéroïde Bennu, avait partagé des photos de sa surface, en octobre 2020. Après avoir prélevé des échantillons, la sonde a repris le chemin de la Terre et doit atterrir dans l'Utah (Etats-Unis) en septembre 2023.

Une mission jumelle doit être envoyée sur place

La mission Dart a été conçue, à l'origine, pour fonctionner de pair avec la mission Hera. Elles devaient décoller en même temps, mais finalement Hera ne doit partir qu'en 2024. Son rôle n'a rien de secondaire. Elle doit "nous fournir les résultats détaillés de l'impact, nous permettre d'interpréter les premières mesures faites avec les télescopes terrestres et d'extrapoler à d'autres scénarios", a expliqué Patrick Michel, principal instigateur de la mission Hera. "C'est un détective qui va aller sur la scène du crime pour enquêter. Hera va documenter ce qu'il s'est passé", a-t-il ajouté au micro de franceinfo quelques heures après l'impact.

Les données récoltées par la mission Hera doivent permettre de "transformer cette expérience d'impact de Dart à grande échelle et d'en faire une technique bien comprise et reproductible". Nous n'avons pas fini d'entendre parler de Didymos, de Dimorphos et de cet impact.

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