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Reprise du contact avec Philae : "On espère y arriver avant la fin du mois de juillet"

Francetv info a interrogé Philippe Gaudon, chef de projet Rosetta au Cnes de Toulouse, qui gère le centre d'opérations scientifiques et de navigation de Philae, pour savoir si le petit atterrisseur de 100 kg, qui ne répond plus depuis novembre, va se réveiller.

Article rédigé par Tatiana Lissitzky
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Première photo de la comète Tchouri prise et envoyée par le robot Philae, le 13 novembre 2014. ( AFP )

Va-t-il se réveiller ? Le centre de contrôle de Philae tente depuis aujourd'hui d'entrer en communication avec le  petit atterrisseur de 100 kg, quatre mois après son atterrissage sur la comète Tchouri, dans l'espoir d'un réveil qui permettrait de l'activer.

Philae, mis au point par l'Agence spatiale européenne (ESA) et largué par la sonde européenne Rosettan'émet plus aucun signal depuis le 15 novembre. Les scientifiques espèrent reprendre contact rapidement pour que le robot poursuive sa mission d'analyse de la comète. Francetv info a interrogé Philippe Gaudon, chef de projet Rosetta au Cnes de Toulouse (Haute-Garonne), qui gère le centre d'opérations scientifiques et de navigation (SONC) de Philae.

Francetv info : Pourquoi Philae ne répond plus depuis le 15 novembre ? 

Philippe Gaudon : Philae est en hypothermie. Son cerveau est éteint à cause des températures trop basses et nous ne savons pas si nous allons pouvoir le réveiller, puisque Philae est incapable de communiquer faute d'énergie suffisante. Nous avons bon espoir de reprendre rapidement contact, mais si nous n'y arrivons pas avant juillet, cela voudra dire que l'électronique a été trop endommagée par le froid intense que le robot a subi sur la comète. 

Si Philae est touché par des températures si basses, c'est parce que nous n'avons pas réussi à le faire atterrir à l'endroit prévu. Toute l'électronique à bord est conçue pour supporter des températures situées entre 50°C et -50°C. Mais à son atterrissage, Philae s'est retrouvé coincé dans une zone très peu ensoleillée, entre des rochers ou derrière une falaise. En novembre, il ne recevait ainsi que 1h30 d’ensoleillement, contre les 9 heures prévues, ce qui l'a empêché de puiser l'énergie nécessaire pour recharger sa batterie alimentée par des panneaux solaires.

Pourquoi essayer de reprendre le contact maintenant ?

La comète se rapproche du soleil et va recevoir de plus en plus de lumière jusqu'au mois de juillet. A partir d'aujourd'hui, les conditions sont donc bonnes pour que la température interne de Philae, grâce aux panneaux solaires, remonte et soit supérieure à environ -45°C. Le robot devrait alors avoir assez d'énergie pour communiquer.

Comment les scientifiques vont s'y prendre pour réveiller Philae ? 

Un émetteur-récepteur de Rosetta, inactif jusqu'à présent, a été allumé et envoie des commandes en rafale à Philae. Si le robot est réveillé, il lui répondra. Les tentatives de communications entre Philae et Rosetta ont commencé cette nuit entre 2 heures et 6 heures du matin, puis entre 15 heures et 18 heures. Il y aura normalement deux créneaux de quatre heures, chaque jour jusqu'au 20 mars. 

Dans un premier temps, nous demandons seulement à Philae de communiquer. Mais pour qu'il en soit capable, il doit passer par plusieurs étapes. Il faut que les panneaux solaires délivrent suffisamment d'énergie pour qu'il se réchauffe. Puis, si l'énergie disponible continue d'augmenter, il y aura un démarrage automatique de l'électronique de Philae, c'est-à-dire que le cerveau du robot se réveillera. Philae pourra alors allumer ces récepteurs et recevoir les signaux émis par Rosetta. Dans un dernier temps, s'il dispose toujours de suffisamment d'énergie, Philae allumera ses émetteurs et nous répondra. Dès que la communication sera établie, il commencera à recharger sa batterie et nous pourrons le faire fonctionner.

Que fera Philae après avoir été réveillé ? 

Il continuera sa mission d'analyse de la comète. Mais au début, nous n'utiliserons que les instruments qui consomment le moins d'énergie. Le robot ne fera que de la surveillance de la plateforme, des reniflages de gaz, des mesures des températures ou du magnétisme. Ce n'est qu'une fois qu'il sera rechargé à fond, que nous commencerons les nouveaux forages, les analyses chimiques des échantillons ainsi que les prises d'images et de panoramas. 

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