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Sortie de Thomas Pesquet dans l'espace : "Dans le scaphandre, tous les sens sont limités", explique son instructeur

Vendredi, Thomas Pesquet effectue sa première sortie extra-éhiculaire dans l'espace. Son entraîneur, Hervé Stevenin, explique à franceinfo ce qui attend l'astronaute français. 

Article rédigé par franceinfo, Gaële Joly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le spationaute Thomas Pesquet prend une photo depuis un hublot de la Station spatiale internationale, le 28 décembre 2016. (PICASA / AFP)

Il est le quatrième Français de l'histoire à sortir dans l'espace. Pour son premier séjour à bord de la Station spatiale internationale, l'astronaute Thomas Pesquet doit enfiler son scaphandre pour aller changer des batteries solaires, vendredi 13 janvier. Cette sortie extravéhiculaire doit durer 8 heures. Vous pourrez la suivre en direct à partir de 13h sur franceinfo et sur les sites Internet du Cnes, de l'ESA et de la Nasa.

Hervé Stevenin ne va pas manquer une minute de cette mission. Cet instructeur au Centre spatial européen l'a formé aux sorties dans l'espace. 

franceinfo : Quelles vont être les difficultés pour Thomas Pesquet lors de cette sortie ?

Hervé Stevenin : C’est l’activité la plus complexe qu’un astronaute puisse faire, parce que dans le scaphandre tous les sens sont limités. La visibilité est limitée. On a le nez sur la structure, puisqu’il faut se tenir par la main. Et la station est gigantesque. La dextérité est aussi perdue, le sens du toucher.

Au niveau audio, on est confiné dans le casque. Tous les sens sont réduits. Et on demande à l’astronaute de développer une capacité de perception de l’environnement qui est bien au-delà de celle que nous pouvons avoir dans la vie courante. C’est ça le challenge.

Il faut à tout moment que l’astronaute sache où il est, dans quelle orientation il se trouve, ou se trouve son collègue, d’où il vient, où il va, quelle est la prochaine étape, où sont les équipements qu’il transporte avec lui, les outils... Parce que tout ça dans l’espace, ça flotte !

Pendant les entraînements, quels conseils donnez-vous aux astronautes qui sortent dans l’espace ?

Il faut faire attention, progresser doucement. Une des recommandations qu’on fait aux astronautes c’est : "Slow is fast". Cela veut dire qu'il vaut mieux progresser doucement, que c’est comme ça que vous irez vite. Parce que si vous voulez aller trop vite, vous allez vous mettre dans des situations qui ensuite vont vous ralentir.

C’est le cas, par exemple avec la ligne de vie, qui est en fait une sorte de sangle avec un enrouleur, sur lequel un câble est accroché à la structure. On dit que cette ligne de vie est le meilleur ami de l’astronaute, mais c’est aussi son meilleur ennemi. Parce que si on ne fait pas attention quand on se déplace, ce câble va s’accrocher n’importe où. Il peut même se mettre derrière vous et vous ne pouvez plus l’enlever vous-même. Donc il faut être extrêmement vigilant. À chaque fois qu’il progresse de 50 centimètres, l’astronaute doit faire une sorte de vérification autour de lui, un peu comme un pilote d’avion qui vérifie tous les instruments du cockpit.

Que va ressentir Thomas Pesquet pendant cette première sortie ?

Ce que les astronautes ont comme sensation au départ, c’est une sorte de petite alarme dans le cerveau qui dit : "Attention tu vas tomber, accroche-toi !" La première fois qu’ils sortent, les astronautes ont souvent tendance à se crisper, à serrer très fortement les mains courantes à cause de ça.

Mais ils le savent très bien, ils ont anticipé ! C’est pour ça qu’au début de la sortie, il y a une petite période d’adaptation où on leur dit : "OK, vous avez un peu de temps, lâchez ! Et rendez-vous compte que vous flottez comme à l’intérieur". Et tout se passe bien. Une fois qu’ils l’ont fait une première fois, ils se disent que c'est cool.

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