Données personnelles : la CNIL met en demeure Facebook
La Commission nationale informatique et libertés (CNIL) a dressé lundi un réquisitoire contre les pratiques de Facebook, réseau social utilisé chaque jour par 30 millions de Français. Des utilisateurs dont le géant americain utilise les données personnelles de manière abusive selon la CNIL qui a enquêté depuis mars 2015 et relevé de nombreux manquements. Le principal, c'est la collecte déloyale d'informations et le traçage d'internautes qui ne disposent même pas de comptes Facebook. Selon elle, la loi informatique et libertés n'est pas respectée.
Un mode de fonctionnement déloyal selon la CNIL
Le réseau social dépose un cookie sur votre ordinateur quand vous visitez une page Facebook publique, accessible à tous, comme la page d'un événement, d'une personnalité ou d'une association. Sans en informer l'internaute, Facebook suit ainsi votre navigation sur Internet. Le cookie mémorise toutes vos visites sur les pages Web dotés d'un lien vers Facebook (bouton J'aime ou Partager), soit la majorité des sites aujourd'hui.
Ultimatum
La CNIL demande à Facebook de recueillir le consentement des utilisateurs, de mieux les informer sur les données qu’il mémorise (opinions politiques, religieuses, orientation sexuelle), et sur l'utilisation qui en est faite. Autre critique : le réseau social stocke trop longtemps les adresses IP, le numéro de connexion d'un Internaute, et demande des mots de passe trop simples, pas assez sécurisés. La CNIL donne trois mois à Facebook pour pallier ces manquements. A l'issue de cet ultimatum, si rien ne change, elle envisage de sanctionner le groupe américain.
"Les géants de cette ampleur ne réagissent que s'ils sont au pied du mur"
— Mathias Moulin, adjoint à la Direction de la protection des droits et des sanctions de la CNIL
Pour Mathias Moulin, adjoint à la Direction de la protection des droits et des sanctions de la CNIL, la mise en demeure est la seule façon de faire bouger les choses. "Il y a deux aspects dans la sanction. D'un côté, l'aspect pécunier qui pourrait atteindre 150 000 euros et il y a la question de la publicité, Facebook y est sensible et tient à sa réputation. La mise en demeure de la CNIL s'inscrit dans le cadre d'investigations menées dans le cadre européen, en Espagne, en Allemagne, aux Pays-Bas. Ce qui est certain, c'est que des géants de cette ampleur ne réagissent que s'ils sont au pied du mur. L'union fait la force, si on agit à plusieurs au niveau de l'Union Européenne, on a des chances d'y arriver. Si l'on additionne le nombre d'utilisateurs, cela fait un marché suffisamment conséquent pour que cela fasse réagir.
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