La seconde supplémentaire du 30 juin va-t-elle provoquer des bugs informatiques ?
Pour faire correspondre temps astronomique et temps atomique, la nuit de mardi à mercredi durera une seconde de plus. Une procédure déjà utilisée en 2012 qui avait causé d'importants bugs informatiques.
Dans la nuit du mardi 30 juin au mercredi 1er juillet 2015, le temps sera en suspens pendant une seconde. La minute entre 1h59 et 2 heures durera 61 secondes. Cette seconde, dite "intercalaire", permet d'harmoniser le temps défini par la rotation de la Terre, irrégulier, avec celui, mécanique, de nos montres. La méthode a déjà été utilisée 25 fois depuis son instauration en 1972.
Le dernier ajustement date de 2012 et avait causé plusieurs bugs informatiques. Faut-il redouter de nouveaux problèmes cette année ? Francetv info se penche sur la question.
Il y avait eu de gros problèmes en 2012...
Une seconde parait infime. Pourtant, quand elle se glisse entre deux minutes, elle devient un véritable casse-tête informatique. Les horloges des systèmes internet sont programmées pour passer de 23h59 et 59 secondes à 00h00. Entre les deux, pas de 23h59 et 60 secondes possible. Pour accorder les pendules, "on utilise le protocole NTP (Network Time Protocol), qui permet de synchroniser l’heure sur tous les ordinateurs d’un même réseau", explique Daniel Gambis, astronome de l'Observatoire de Paris et responsable du service de la Rotation de Terre. Dans ce schéma, de nombreux sites n'ont pas été conçus pour intégrer une seconde intercalaire.
Une lacune qui a coûté cher à certains en 2012. Ne pouvant interpréter deux informations temporelles contradictoires, les serveurs de certains sites avaient interrompu leur activité pendant plusieurs minutes, voire plusieurs heures. "La dernière fois, LinkedIn, Reddit, Mozilla ou encore Google avaient planté. Le site de réservation de la compagnie aérienne australienne Qantas était même tombé en panne pendant plusieurs heures, causant de nombreux retards", se souvient Daniel Gambis. Les marchés financiers craignent, de leur côté, un blocage important, alors que les plateformes de trading recevront des informations temporelles contradictoires.
... mais il y a moins de risques cette année
En 2015, l’erreur ne devrait pas se répéter, d’après l’astronome. "Alors qu'en 2012, les gens s'y étaient intéressés seulement le jour même, cette année, les médias en parlent déjà depuis janvier. On a averti les instituts de métrologie du temps qui ont ensuite largement communiqué l’information au niveau national". La technologie a donc eu le temps de s'adapter au léger saut dans le temps.
Les géants du web et autres services ont été plus prudents et vont adopter diverses méthodes. "Pour Google, les serveurs vont rajouter des micro-secondes dispersées pendant toute la journée et le changement va passer inaperçu", explique Daniel Gambis. Microsoft ajoutera la seconde à différentes heures dans le monde, en suivant les fuseaux horaires. Pour l'horloge parlante de l'Observatoire de Paris, le changement va s'opérer quelques dizaines de secondes avant l'heure et indiquera la seconde supplémentaire. Du côté des marchés, une importante place boursière va tout simplement suspendre les transactions de 23 heures à minuit, explique Le Plus de l'Obs.
En novembre, une rencontre aura lieu à Genève (Suisse) pour discuter des enjeux commerciaux posés par les secondes intercalaires et de l'utilité de leur maintien. Les résultats de l'opération du 30 juin vont donc être déterminants pour l'avenir du processus.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.